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Convention informelle de partenariat

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Fin février 2023 une convention mutuelle informelle de partenariat et de collaboration a été signée à bord du voilier Arbarquel par son capitaine Brice "Rizo" Lepingard et Earthforce Fight Squad / Pacifist Warriors-Global. Notre pavillon a été hissé et flotte désormais en haut du mat. Ce magnifique vieux gréement aurique, Albarquel, sera désormais basé à Rochefort et nous allons organiser ensemble des sorties d'observation et de protection de cétacés qui évoluent dans la région.

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Nous sommes heureux et fiers de cette collaboration et de ce partenariat !!!

Earthforce FS et stratégies

L'ONG Earthforce FS que j'ai fondé à Montpellier en septembre 2013 va bientôt fêter ses dix années d'existence. J'ai choisi cette formule car elle est à vocation internationale, même si elle a un mal fou d'assumer son statut. Aussi par facilité d'organisation interne d'une administration simple par rapport à une association complexe de la loi 1901 reconnue que par la loi française. Cela a un avantage administratif simple, mais aussi quelques inconvénients. Nous ne sommes pas subventionnés par qui que se soit ce qui nous laisse une totale liberté d'action sans avoir de comptes à rendre et les poings liés. L'inconvénient principal est le statut juridique qui me rend le seul responsable et, en cas de problème, c'est moi qui doit répondre des actes. Nous n'avons pas de service juridique. L'autre soucis important sont, bien sûr, les finances. En effet, ne recevant aucune subvention, nous devons nous débrouiller comme nous le pouvons car nous manquons cruellement de moyens ce qui limite notre expansion. Nous n'avons pas de compte en banque pour ne réveiller aucun soupçon sous-jacent. Pas d'adhésion financière, elle est gratuite. Les conférences, débats, interventions ou projection de films, tout ce que nous proposons, est fait gratuitement sans aucune rémunération. C'est du pur bénévolat à tous les niveaux, jusqu'au partage de frais nécessaires à certaines actions. Ce qui doit être financé provient uniquement de mes fonds propres personnels maigres, de quelques dons en nature ou du philanthropisme pur. A ce jour, nous n'avons, malheureusement, aucun mécène qui nous soutient ni le droit au crowdfunding/collecte d'argent. Les t-shirts pour notre prochaine expédition, par exemple, sont fourni par moi-même, les bateaux sont affrétés gratuitement par leurs propriétaires ou les associations et les frais partagés par les bénévoles participants. Le matériel utilisé m'appartient personnellement. Étant une ONG d'action, toutes les antennes sont conçues sur ce même modèle et leurs animateurs ou ambassadeurs sont bénévoles. Pas de manipulations ou transfert d'argent, pas de soucis. Rien n'est occulte, tout est clair et transparent.

Après quelques tâtonnements des débuts, des exemples pris sur d'autres organisations amies tel Sea Shepherd ou Bloom, nous avons totalement revu notre façon de fonctionner et d'agir, car nous n'avons pas du tout les mêmes moyens ni le même écho médiatique ni le même soutien international ni les mêmes prétentions, alors que nous partageons la même idéologie de protection du vivant, de la biodiversité et du milieu marin. Nous agissons localement, particulièrement sur les iles, les premières a être durement impactés par le changement climatique, la dévastation et le pillage de l'océan. Notre stratégie première consiste non plus dans l'affrontement, mais dans l'investigation et surtout dans l'infiltration. Infiltrer les pouvoirs publics et institutions locales par un de nos bénévoles résident pour avoir des informations, savoir ce que s'y trame et ainsi développer une stratégie d'action à organiser. Par exemple, nous avons infiltré un thonier senneur à Sète par un de nos activistes, embauché comme marin lors d'une campagne de deux mois en mer ce qui a ensuite permis la réalisation d'un Cash investigation de Lise Lucet en 2018 sur le clan des Sètois.

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La Direction de la mer en Guadeloupe alerté par une de nos membres bénévole infiltrée, ce qui a permis de démanteler un trafic de poissons et langoustes par bateaux vénézuéliens et le braconnage de lambis en 2019.

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Le service de l'environnement de deux communes permettant de bloquer deux permis de construire de complexes hôteliers en 2020, l'office national des forêts cambodgien alerté et documenté pour contrer le trafic de bois de rose en 2021 ou celui du Temple des tigres en Thaïlande, l'un des nos plus grands succès. Notre membre infiltré y travaillait à la surveillance vidéo et a fourni les enregistrements à la Police environnementale du parc national concernant le trafic de tigres drogués et de leurs bébés. Le temple a été fermé en 2016 et les moines incriminés mis sous les verrous.

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Infiltration de l'administration du golf de Tahiti de Atimaono à Papara pour l'empêcher la destruction d'arbres centenaires.

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Il y a encore d'autres exemples dont l'infiltration nous a permis d'alerter directement les autorités et d'avoir des résultats rapides sans perdre du temps dans les procédures. Nos moyens utilisés  sur le terrain : un bateau d'intervention rapide, véhicules motorisés, un drone avec caméra infrarouge, appareils photo et surtout nos éco-patrols surveillant discrètement des endroits sensibles, les ports de pêche et les criées, des marchés et restaurants proposant à la vente des espèces interdites ou protégées etc. Infiltrer et réseauter. Aussi d'avoir un ambassadeur local comme en Thaïlande ou en Indonésie qui fait des interventions dans les écoles pour sensibiliser les jeunes sur les déchets et autres pollutions. Ne pas être un ''donneur de leçons étranger'' fait sauter le verrou d'une barrière linguistique et établi un rapport de confiance. Ce sont surtout la connaissance et prise de contact avec les structures et tissus locaux, leur infiltration puis l'éducation, la sensibilisation et l'action directe qui sont les principaux outils que nous utilisons dans les 3océans et deux mers sur la planète où nous sommes présents. Nous n'avons pas d'autres moyens et cela reste légal. Petite structure discrète travaillant intelligemment avec quelques bénévoles impliqués et motivés ayant un pouvoir de mobilisation important peut-être aussi efficace qu'une énorme organisation avec des moyens colossaux et dépensant des millions de dollars. Elle reste beaucoup plus facile à gérer car n'engendre pas de bataille destructrice de jalousie et d'égos.

Jerry J.Pelikan dit Captain Blackbone - Fondateur / Président de l'ONG Earthforce FS

 

 

Le Warrior de l'Année 2022

Le "Warrior de l'Année 2022" est incontestablement notre Bernie Vuillemin. Un bénévole engagé, motivé et impliqué tout au long de l'année dans toutes les actions et opérations ménées par l'équipe d'Earthforce Fight Squad West / Caraïbes. Espérons qu'il continue à animer notre Team avec toujours autant d'engagement, avec sa bonne humeur légendaire et sa présence indispensable. Un grand BRAVO et MERCI à lui.

#earthforcefightsquad #pacifistwarriors #guerrierspacifistes #blueoceannation #sempreproject #haka4climate

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Océans sous tension

Réchauffement climatique: 10 chiffres pour comprendre pourquoi les océans sont sous tension.

Très longtemps négligés par les responsables politiques lors des grandes réunions sur l'environnement, les océans font aujourd'hui partie des préoccupations majeures, car ils jouent un rôle primordial dans la régulation du climat et dans l'alimentation. Et sous le poids du réchauffement climatique et des activités humaines, ils sont sous pression.

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1- 14,4° est la température moyenne des océans en 2020 d'après l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA). C'est un nouveau record, elle était de 13,8°C il y a 20 ans.

2- 8,5 est le le niveau actuel de l'acidité (PH) de l'océan. Il n'a jamais été aussi bas depuis 22 siècles selon l'Organisation météorologique mondiale (OMM). La raison est simple : en capturant le dioxyde de carbon (CO2) dans l'atmosphère, les océans s'acidifient. La vie marine ne se développe de façon optimale qu'à un PH de 8,25.

3- 4,4 mm/an est la vitesse moyenne d'élévation du niveau de la mer en 2021d'après le dernier rapport du GIEC. Il est passé de 2,1 mm/an en moyenne entre 1993 et 2002 à 4,4 mm/an entre 2013 et 2021.

4- 34% est le pourcentage de stocks des poissons surexploités à l'échelle de la planète selon les estimations de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). À ce niveau, les espèces ne peuvent plus se renouveler. Pour les 56% restants, le niveau de capture est à son ''maximum acceptable'' !

5- 3% est la part estimée que représente le transport maritime dans le émissions mondiales de gaz à effet de serre selon l'Institut supérieur d'économie maritime (Isemar), soit d'avantage que le transport aérien dont la part est évaluée à 2% .

6- 17% est la masse des animaux marins (poissons, invertébrés, mammifères...) qui pourrait disparaître d'ici 2100 si les émissions de CO2 gardent le rythme actuel, alertait en 2019 la revue américaine PNAS. Si le monde parvenait à garder le réchauffement sous 2°C, ce déclin se limiterait à 5%.

7- 99% est le pourcentage de récifs coralliens condamnés à disparaître à cause du réchauffement climatique selon une étude publiée en février 2022 dans la revue PLOS Climate. S'ils ne couvrent que 0,2% de la surface des océans, ils offrent un écosystème indispensable car ils abritent plus d'un quart des espèces marines.

8- 11millions est le nombre moyen de tonnes de plastique rejetées dans les océans chaque année. Un chiffre qui pourrait doubler d'ici 2030, selon l'ONU. Quelque 95% de ces déchets flottant à la surface de l'eau terminent dans les fonds marins sous forme de microplastiques et sont impossible à récupérer. Ingérés par les organismes marins, ils entrent ainsi dans la chaine alimentaire.

9- 8% est le pourcentage total d'aires marines protégées (AMP) sur la planète, soit 28,1 millions de km2 selon le rapport 2020 de l'ONU pour l'environnement. Un chiffre en progression, mais encore loin de l'objectif fixé par la communauté internationale, qui est d'atteindre 10%. Parmi les plus célèbres : la Grande barrière de corail au large de l'Australie.

10- 600 millions est le nombre de personnes vivant sur les littoraux dans le monde. Parmi elles, 200 millions travaillent dans le secteur de la pêche, selon l'ONU.

Ecopatrol Punch Team of Pacifist Warriors is Back

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Following the inconvenience caused by resignation and eviction of Capt. Paul Watson from Sea Shepherd USA and Sea Shepherd Global, of which he is the unique and indisputable founder, we cease our international collaboration with these two entities. Thus, we will resume our "direct actions" against the destroyers/plunderers poaching the sea and oceans, against the massacrers of biodiversity and nature.
Already in the 1970s, ecological thinkers spoke of sabotage as a form of "self-defense" against the ravages of the world. Morality trumps legality, wrote Günther Anders(*). It is necessary to intimidate those who exercise power and threaten us, to threaten them in return and to neutralize those policies that without moral conscience can cope with disaster when they do not prepare it directly.
Ecofeminist thinker Françoise d'Eaubonne(**) even coined the concept of "against violence" to describe ecological sabotage. 'An action very indicated in the turning of the enemy’s weapon against himself,' she said.
Current activists, eco-activists, now speak of "disarmament", a semantic subtlety that upsets political imagination. This term makes it possible to clarify our attention and revive the debate in a fertile way as weapons of war are currently aimed at the living. They must be neutralized and the rampages disarmed in order to move towards a more egalitarian, just and peaceful world. The unstoppable deterioration of the climate leading to an obvious ecological emergency justifies our decision. Non-violent direct action of ecological sabotage is a weapon that we will now use against the enemy wherever it is and wherever we are present.

Some examples of ecological sabotage

1- The demonstration action: the sabotage then takes a collective dimension. During a demonstration, tens or even thousands of people attack ecocidal infrastructures, put them out of business and publicly claim the gesture. Last example: the mobilizations around the megabasins or the antinuclear struggle in Bure in France. In 2016, hundreds of people had demolished the illegally built wall around Lejuc wood.

2- Clandestine action: most often carried out at night and with a covered face, this type of sabotage seeks to be less media than effective, and to cause maximum damage. These clandestine actions are the result of affinity groups or single people. Legal risks are significant and police investigations numerous. We find them particularly in «technostruggles», with the destruction of 5G relay antennas.

3- Microsabotage: a form of ecogesture of sabotage, some even evoke a "hummingbird of sabotage". Popularized at the end of 2020 by the french La Ronce group, this sabotage is often carried out individually or in small groups. The legal risks are very limited. At the time, La Ronce was calling for the unlocking of sugar packages in stores to target the beet lobby responsible, according to them, for the reintroduction of neonicotinoids. They also proposed neutralizing the payment terminals at Total gazstations or painting the QR code on rental electric scooters.

4- Diversion" or "subtle sabotage": without breakage or degradation. To use the expression of Quebec researcher Samuel Lamoureux, this type of action consists in playing with technological devices, diverting them or even taking them back. It is an art of transvestition and hoax that humorists or hackers particularly appreciate.

In the 2000s, for example, the Yes Men(***) made themselves known for appearing on TV as the spokesman for Dow Chemical - the company responsible for the Bhopal disaster. They announced live to 300 million viewers that they wanted to sell the company to provide medical care to the victims of the disaster. In 23 minutes, Dow’s stock market value dropped by $2 billion. More recently, in November 2016, opponents of the Notre-Dame-des-Landes airport french governemt's project published a false statement from Vinci announcing the dismissal of its financial director after discovering significant accounting errors. In seven minutes, the company’s share price dropped 18% !

If you want to make proposals for action and join our Direct Action Punch Team, contact us by e-mail: earthforcefightsquad.sempre@gmail.com

#earthforcefightsquad #pacifistwarriors

* https://en.wikipedia.org/wiki/G%C3%BCnther_Anders

** https://en.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7oise_d%27Eaubonne

*** https://en.wikipedia.org/wiki/The_Yes_Men

 

 

Le retour de la "Punch Team" des Guerriers Pacifistes

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Suite aux désagrements causés par la démission et l'évinction de Capt.Paul Watson de Sea Shepherd USA et Sea Shepherd Global dont il est le fondateur unique et incontestable, nous cessons notre collaboration internationale avec ces deux entités. Par ce fait, nous allons reprendre nos "actions directes" contre les destructeurs/pilleurs de la mer et des océans, contre les massacreurs de la biodiversité et du vivant.

Déjà dans les années 1970, des penseurs de l’écologie parlaient du sabotage comme d’une forme "d’autodéfense" face au ravage du monde. "La morale l’emporte sur la légalité, écrivait Günther Anders. Il est nécessaire d’intimider ceux qui exercent le pouvoir et nous menacent, de les menacer en retour et de neutraliser ces politiques qui sans conscience morale s’accommodent de la catastrophe quand ils ne la préparent pas directement."

La penseuse écoféministe Françoise d’Eaubonne a même forgé le concept de "contre violence" pour qualifier les sabotages écologiques. "Une action très indiquée dans le retournement de l’arme de l’ennemi contre lui-même", déclarait-elle.

Les militants actuels, les éco-activistes, parlent désormais de "désarmement", une subtilité sémantique qui bouscule les imaginaires politiques. Ce terme permet ainsi de clarifier notre attention et de réanimer le débat de manière fertile vu que des armes de guerre sont actuellement braquées sur le vivant. Il faut les neutraliser et désarmer les saccageurs pour aller vers un monde plus égalitaire, juste et en paix. La dégradation imparable du climat engendrant une urgence écologique évidente justifie notre décision. Une action directe non violente du sabotage écologique est une arme que nous allons désormais employer contre l'ennemi où qu'il se trouve et partout où nous sommes présents.

 

Quelques exemples de sabotage écologique

1- La manif action : le sabotage prend alors une dimension collective. Au cours d’une manifestation, des dizaines voire des milliers de personnes s’attaquent à des infrastructures écocidaires, les mettent hors d’état de nuire et revendiquent publiquement le geste. Dernier exemple en date : les mobilisations autour des mégabassines ou la lutte antinucléaire à Bure. En 2016, des centaines de personnes avaient démoli le mur construit illégalement autour du bois Lejuc.

2- L’action clandestine : pratiqué le plus souvent de nuit et à visage couvert, ce type de sabotage cherche moins à être médiatique qu’efficace, et à provoquer le maximum de dégâts. Ces actions clandestines sont le fruit de groupes affinitaires ou de personnes seules. Les risques juridiques sont importants et les enquêtes policières nombreuses. On les retrouve particulièrement dans les « technoluttes », avec notamment la destruction d’antennes relais 5G.

3- Le microsabotage : forme d’écogeste du sabotage, certains évoquent même un "colibrisme du sabotage". Popularisé fin 2020 par le groupe La Ronce, ce sabotage se pratique souvent de manière individuelle ou par petits groupes. Les risques légaux sont très limités. À l’époque, La Ronce appelait à déboucher des paquets de sucre dans les magasins pour cibler le lobby de la betterave responsable, selon eux, de la réintroduction des néonicotinoïdes. Ils proposaient aussi de neutraliser les terminaux de paiement des stations Total ou de peindre le QR code de trottinettes électriques.

4- Le détournement" ou "le sabotage subtil" : sans casse ni dégradation. Pour reprendre l’expression du chercheur québécois Samuel Lamoureux, ce type d’action consiste à se jouer des dispositifs technologiques, à les détourner voire à se les réapproprier. C’est un art du travestissement et du canular qu’apprécient particulièrement les humoristes ou les hackers.

Dans les années 2000 par exemple, les Yes Men se sont notamment fait connaître pour s’être fait passer à la télé pour le porte-parole de Dow Chemical - l’entreprise responsable de la catastrophe de Bhopal. Ils ont annoncé en direct devant 300 millions de téléspectateurs vouloir vendre l’entreprise pour fournir des soins médicaux aux victimes de la catastrophe. En vingt-trois minutes, la valeur en bourse de Dow a chuté de 2 milliards de dollars. Plus récemment, en novembre 2016, des opposants au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes publiaient un faux communiqué de Vinci qui annonçait le licenciement de son directeur financier après avoir découvert d’importantes erreurs comptables. En sept minutes, le cours en bourse de l’entreprise a chuté de 18 %

Si vous avez envie de faire des propositions d'action à mener et rejoindre notre Punch Team d'Action Directe, contactez-nous par e-mail: earthforcefightsquad.sempre@gmail.com

Notes

Selon l’expression de Nelson Mandela. Dans son autobiographie, il déclare : « Nous avions utilisé toutes les armes non violentes de notre arsenal — discours délégations menaces arrêts de travail grèves à domicile, emprisonnement volontaire, tout ça en vain, car quoi que nous fassions une main de fer s’abattait sur nous. Un combattant de la liberté apprend de façon brutale que c’est l’oppresseur qui définit la nature de la lutte, et il ne reste souvent à l’opprimé d’autres recours que d’utiliser les méthodes qui reflètent celles de l’oppresseur. À un certain moment on ne peur combattre le feu que par le feu. »

Günther Anders, La violence, oui ou non — Une discussion nécessaire, 1986.

Françoise d’Eaubonne, Contre violence ou la résistance à l’État, 1978

Chasse à la baleine en Norvège

La mort de Freya, la femelle morse vedette du port d’Oslo, a ému toute l'Europe et même le monde. L’euthanasie du mammifère, décidée dimanche 14 août par les autorités norvégienne, a valu au pays scandinave d'être interpellé par des ONG de protection marine, dont Earthforce FS à propos d'une autre tradition locale : la chasse baleinière. La honte absolue pour ce pays Européen "civilisé". La Norvège tue plus de cétacés que le Japon par exemple, et ce malgré l’interdiction mondiale de leur capture. C’est ce qu’a révélé un rapport de trois de nos collègues, Animal Welfare Institute, Ocean Care et Pro Wildlife, et intitulé "Comment la Norvège moderne s’accroche à son passé baleinier". Publié en 2016, le rapport explique que "la Norvège est discrètement devenue la principale nation baleinière du monde, tuant plus de baleines au cours des deux dernières années que le Japon et l'Islande réunis". Concrètement, entre avril et août/septembre, les baleiniers commerciaux s’en prennent aux petits rorquals, espèce très répandue dans les eaux norvégiennes, au large de l'archipel du Svalbard et de l'île de Jan Mayen.

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Au total, entre 2006 et 2015, 5617 baleines ont été tuées en Norvège, contre 1199 baleines en Islande et 5436 au Japon, ce qui fait de la Norvège la première nation baleinière. Le pays a repris la chasse à la baleine à visée commerciale en 1993 et s'était opposé avant cela au moratoire de la Commission baleinière internationale (CBI), interdisant la pratique en 1985. Aujourd'hui, il est d’ailleurs le seul à y déroger avec l’Islande et le Japon. Depuis, plus de 15.000 de ces animaux ont été chassés et tués par les baleiniers norvégiens. Et le pays fixe lui-même ses quotas. Entre 2006 et 2015, ils ont d’ailleurs explosé, passant largement la barre des 1000 baleines capturées chaque année, selon le tableau situé en cinquième page du rapport. 2021 est l'année record après 2016. Le gouvernement mise donc toujours financièrement sur les baleines, qu’il continue à exporter, et le justifie par le fait que leur chasse est "soigneusement réglementée" et "ne menace pas la population" en impliquant "une mise à mort rapide et douce". Or, la presse norvégienne rejette la rhétorique en démontrant que la capture est loin d'être indolore pour ces mammifères marins. Autre argument avancé par les autorités : chasser des baleines permettrait de garantir la survie d’autres espèces et donc de préserver l’écosystème des océans. Là aussi, associations et institutions réfutent l'hypothèse. La CBI le développe par exemple dans un récent rapport : ces espèces capturent du CO2 au cours de leur vie et en mourant naturellement, elles coulent au fond de l’océan, ce qui a pour effet de ne pas libérer ce réservoir de carbone.

Depuis les années 2014 et 2015, rien n’a véritablement changé en Norvège. Le pays scandinave reste le pays qui chasse le plus de baleines au monde, alors que le mouvement inverse s’opère en Islande. Après trois ans sans chasse, mais reprise cette année, le ministre de la pêche islandais a émis l’hypothèse d’une fin définitive de la pratique en 2024, n’en tirant pas d’importants bénéfices économiques. Au mois d’avril, le dernier baleinier en activité dans le pays ramenait son premier animal de la saison, le seul depuis près de quatre ans. Le Japon, lui, a repris officiellement la chasse commerciale à la baleine en 2019. Cette année-là, il tuera 331 cétacés.

En Norvège, les quotas ont certes été abaissés par les autorités. En 2022, le gouvernement a de nouveau donné son feu vert pour tuer un maximum de 917 mammifères marins pour la saison. Soit 361 de moins que la limite fixée en 2021, selon le communiqué. Mais d’après l’ONG britannique Whale and Dolphin Conservation (WDC), "la réduction du nombre de quotas est en grande partie dénuée de sens. Les quotas complets n'ont pas été atteints ces dernières années, mais des centaines de baleines sont quand-même abattues, mettant souvent beaucoup de temps à mourir". L’année dernière, le record de 2016 a même été battu, avec 575 baleines chassées et tuées, d’après les chiffres de l’Organisation norvégienne de vente des pêcheurs relayés par WDC. Une véritable hérésie pour les ONG, tandis que la demande n’a jamais été aussi faible. Du moins dans le pays : seuls 2% des Norvégiens déclarent désormais manger souvent de la viande de baleine, contre 4% en 2019.

Le rapport complet (en anglais) ici: https://awionline.org/sites/default/files/publication/digital_download/AWI-ML-NorwayReport-072016.pdf

#earthforcefightsquad #pacifistwarriors #guerrierspacifistes

Warrior du mois de mai 2022

Jessica Jouliann

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"Jess" a rejoint notre ONG au cours de l'année 2021. Vivant en Martinique, cela nous permettra d'élargir et de renforcer notre présence et nos activités sur cette autre magnifique ile des Antilles Françaises. Devenue notre ambassadrice, elle a participée à l'expédition en mer du "Sempre Project" et d'Earthforce Fight Squad Caraïbes. Embarquant avec notre équipage sur le catamaran "Olympe" malgré son statut de future maman, Jess a contribué à la "Recherche de la 52Hz", une baleine légendaire supposée solitaire, maintes fois entendue et enregistrée, mais encore jamais observée. Cette mission de science participative en mer poursuit un programme nommé "OSE" (Observer-Sauvegarder-Éduquer), qui consiste à observer, photographier et enregistrer les cétacés à l'aide d'un hydrophone*, particulièrement les baleines à bosse. Les mégaptères ayant quitté nos eaux chaudes caribéennes pour entamer leur migration vers les fjords norvégiens, cette mission se poursuivra l'année prochaine. Notre ONG est fière d'avoir une personne aussi engagée et impliquée en son sein. Nous remercions Michèlle et Richard Priol pour la mise à disposition de leur catamaran Nautitech 40, nous avoir reçu à bord et participer ainsi activement et bénévolement à cette belle aventure.

Bravo Jess et un grand MERCI pour ton implication, ta bonne humeur, ta volonté de promouvoir et faire connaître Earthforce FS et de tes multiples talents de graphiste qui nous sont très utiles.

*microphone étanche

Jess

Jj

https://www.facebook.com/Jess.celestine

https://www.facebook.com/earthforcefightsquad.sempre

#earthforcefightsquad #pacifistwarriors #guerrierspacifistes #sempreproject #blueoceannation #52Hz #searchingfor52hz

 

 

Warrior du mois d'avril 2022

Margot Deslous-Paoli

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Margot fait partie de notre équipe quasiment depuis la création de l'ONG. C'est une navigatrice, équipière hors pair, amoureuse de la mer et de la nature sauvage qu'elle défend bec et ongles. Une combattane, une vraie warrior. Elle est notre ambassadrice, représentante et animatrice locale dans le sud de la France. Début avril 2022 elle a embraqué en Martinique à bord du catamaran Nuvola, un Outremer 55 pieds, pour naviguer dans la Caraïbe. Margot a ensuite rejoint notre équipe en Guadeloupe et a participé à une mission en mer du "Sempre Project" d'Earthforce Fight Squad Caraïbes. Nous avons embarqué sur le Nuvola de Philippe Soufflet à la "Recherche de la 52Hz", une baleine légendaire supposée solitaire, maintes fois entendue et enregistrée, mais jamais observée. Cette mission de science participative en mer poursuit un programme nommé "OSE" (Observer-Sauvegarder-Éduquer), qui consiste à observer, photographier et enregistrer les cétacés à l'aide d'un hydrophone*, particulièrement les baleines à bosse. Une fois l'opération en Guadeloupe terminée, le Nuvola avec Margot est reparti en Martinique, puis à Bonaire et a ensuite entammé la transat de retour. Cela fait donc plus de 2 mois qu'elle est de façon permannente en mer. Une belle performance. Notre ONG est fière d'avoir une personne aussi engagée et impliquée en son sein.

Bravo Margot et un grand MERCI pour tout ce que tu fais.

*microphone étanche

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Pourquoi l’écologie individuelle ne résoudra pas la crise environnementale

 

Si la cohérence individuelle est évidemment importante et nécessaire face aux enjeux du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité, seul un rapport de force collectif permettra de lutter contre les causes et conséquences. Pourquoi ? Comment ? Quelques explications s’imposent ! Réduire sa consommation de produits d’origine animale, sa mobilité motorisée quand on le peut, changer de banque, supprimer ses emails, faire pipi sous la douche, acheter en vrac, consommer « éthique », utiliser des pailles en bambou/inox… Une galaxie d’actions individuelles aux impacts inégaux et parfois contre-productifs sont souvent présentés comme étant les solutions face au désastre écologique en cours, culpabilisant souvent celles et ceux qui ne pourraient pas faire autrement. Et face à la multiplicité des discours sur l’écologie et les injonctions individuelles de toutes parts, difficile de s’y retrouver lorsque l’on souhaite adopter un mode de vie plus durable au quotidien… 

« Faire sa part pour sauver la planète »

Il suffirait de « faire sa part pour sauver la planète », comme l’indique la légende tronquée du colibri qui éteint l’incendie à la force de son bec plein d’eau. Au risque d’en décevoir plus d’un.e, on oublie bien trop souvent que la fin de la légende est sans appel : à la fin, le colibri meurt d’épuisement.  Face au déni, à l’épuisement, à la résignation ou à la compétition d’empreinte carbone individuelle, l’action collective pour changer de système apparaît comme la solution la plus efficace politiquement. 

Calculer son empreinte carbone individuelle ? Utile mais insuffisant

Peut-être avez-vous déjà calculé votre empreinte carbone ? De nombreux outils en ligne permettent d’évaluer le tonnage de CO2 émis par individu afin de comprendre quels sont les postes de pollution les plus importants dans son mode de vie. Certains proposent même de compenser ses émissions de CO2 en finançant des plantations d’arbres en monoculture à l’autre bout du monde.  Pourquoi lutter concrètement contre le dérèglement climatique lorsqu’il suffit de montrer patte blanche, de consommer éthique ou de compenser ses plaisirs polluants pour s’absoudre et s’auto-convaincre de sa vertu? Cynisme mis de côté, ces outils de calculs permettent de réaliser quels sont les efforts à fournir en priorité d’un point de vue purement individuel. Le calcul d’empreinte carbone est évidemment à mettre en perspective avec les exigences climatiques mais peut être paralysant : très peu de Français.e.s peuvent se targuer d’un bilan carbone réduit, et lorsqu’il l’est, il est la plupart du temps subi. C’est là que l’on rappelle que les 10 % les plus riches de la planète sont responsables de la moitié des émissions planétaires tandis la moitié la plus pauvre de la population mondiale a émis en moyenne seulement 1,6 tonne de carbone par personne, soit 12 % des émissions mondiales… Le cabinet Carbone 4, à travers son rapport « Faire sa part ? Pouvoir et responsabilité des individus, des entreprises et de l’Etat face à l’urgence climatique », permet de visualiser facilement les exigences d’émissions carbones individuelles et d’identifier les axes majeurs de pollution individuelle.L’empreinte carbone moyenne d’un français est d’environ 11 tonnes alors que le niveau Accord de Paris (pour rester en deçà d’un réchauffement planétaire de 2°C) requiert l’émission de 2 tonnes seulement. Comment ne pas être démotivée à l’idée de diviser son bilan carbone individuel par 5 pour correspondre à des exigences quasiment impossibles à mettre en œuvre ? La végétalisation drastique de son alimentation est essentielle puisqu’elle constitue 46% des réductions de CO2 individuelles. Le zéro déchet, pourtant valorisé socialement et dans lequel s’engouffrent les supermarchés, ne représente lui qu’une partie très minoritaire des réductions. À échelle individuelle, se focaliser davantage sur la réduction drastique de sa consommation de viande et autres produits d’origine animale (par nécessité écologique mais aussi par considération éthique) est donc beaucoup plus efficace que de s’épuiser quotidiennement à ne pas produire de déchets ; charge qui, comme la cuisine ou autres tâches ménagères, incombe encore davantage injustement aux femmes au sein du foyer…

Si calculer son empreinte carbone individuelle peut-être utile, les outils sont inévitablement incomplets et ne prennent en compte que les émissions de CO2 comme critère écologique de référence. Alors que l’écologie, c’est évidemment bien plus que ça : respect de la biodiversité, lutte contre les inégalités et la précarité, contre le mal-logement, contre l’artificialisation des sols, contre l’accaparement des terres agricoles, pour la dignité de tous et toutes…

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L’écologie individuelle invisibilise les véritables causes et conséquences du dérèglement climatique 

Le calcul d’empreinte carbone individuelle et l’écologie individuelle dans sa globalité occultent les causes et conséquences systémiques du dérèglement climatique et de l’effondrement de la biodiversité. Les causes sont multiples et résident dans des méga-structures qui dépassent largement le spectre individuel :

- capitalisme, système économique basé sur la croissance et l’exploitation et donc incompatible avec l’écologie patriarcat, “forme d’organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l’autorité par les hommes” (Pierre Bonte et Michel Izard, Dictionnaire de l’ethnologie et de l’anthropologie, Presses universitaires de France)

- colonialisme, idéologie justifiant la colonisation

Les premières victimes du dérèglement climatique (les femmes, les classes populaires, les minorités et personnes racisées) sont également invisibilisées

- 80 % des personnes déplacées par les catastrophes et les changements climatiques dans le monde sont des femmes et des filles

- Les femmes sont 14 fois plus susceptibles de mourir lors d’une catastrophe naturelle que les hommes

- Les activités industrielles polluantes sont généralement installées à proximité des quartiers où vivent les personnes racisées, les exposant à des risques plus importants que le reste de la population

- 10 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire en France 

- Les habitant.e.s des pays dits du Sud sont les principales victimes du dérèglement climatiques alors qu’iels sont les moins émetteur.rice.s des gaz à effet de serre 

- Le programme des Nations Unies pour l’Environnement prévoit 250 millions de réfugié.e.s climatiques dans le monde en 2050 à cause des inondations, sécheresses, pénuries d’eau et d’aliments… auxquels viennent s’ajouter les migrations à cause de conflits et atteintes aux droits de l’Homme et pour raisons énergétiques. 

La révolution écologique doit évidemment s’inscrire dans toutes les sphères de nos vies lorsqu’on en a les capacités. Les actions individuelles sont donc nécessaires et les structures individuelles et collectives ne sont évidemment pas totalement hermétiques (les individus utilisent des infrastructures polluantes et travaillent généralement pour des entreprises peu vertueuses écologiquement). Néanmoins, la perfection écologique individuelle n’existe pas et nous accordons souvent beaucoup de temps et d’énergie à devenir de parfaits individus quand le rapport de force collectif doit pourtant être privilégié… 

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L’investissement collectif comme solution face à l’inertie politique

L’étude de Carbone 4 prouve que si chaque individu a une démarche écologique héroïque (devenir végétarien, se déplacer exclusivement à vélo, acheter du matériel électronique d’occasion…), l’empreinte carbone individuelle pourrait être réduite de 45%, mais les héros n’existent pas ! Un engagement individuel modéré plus réaliste permettrait d’abaisser l’empreinte carbone moyenne de 20%. Sur les 80% de baisse nécessaire, 60% ne pourront être réalisables que grâce à une impulsion politique et collective : revoir l’intégralité du système agricole, industriel, etc. La prise en compte des inégalités climatiques et de la justice sociale est une priorité malheureusement trop oubliée des politiques publiques et les entreprises polluantes, véritables criminelles climatiques, continuent de prospérer tout en étant soutenues par les Etats. 

Les industries responsables de la pollution environnementale

Michaël Correia, dans son ouvrage Criminels climatiques, a enquêté sur les entreprises les plus climaticides au monde, ferventes extractivistes d’énergies fossiles : Saudi Aramco, China Energy et Gazprom, respectivement entreprise pétrolière, charbonnière et gazière. Ensemble, ces trois entreprises incarneraient le troisième pays le plus émetteur de gaz à effet de serre au monde derrière la Chine et les Etats-Unis. En 2019, le pétrolier saoudien Aramco a rejeté 1,9 milliard de tonnes équivalent CO2 dans l’atmosphère, soit quatre fois et demi plus que les émissions de la France cette même année. Fleuron de l’industrie fossile française, Total s’apprête également à développer un méga-projet pétrolier en Ouganda. Le projet, situé dans la région des grands lacs en Afrique, donne le tournis : 400 puits doivent être creusés et un oléoduc de plus de 1400 km qui traversera l’Ouganda et la Tanzanie doit être construit pour extraire 200 000 barils de pétrole par jour. L’Etat français a été épinglé par l’organisation “Les Amis de la Terre” pour son soutien au projet. Globalement, 100 entreprises sont responsables des 70% des émissions de gaz à effet de serre. Et alors que l’élevage est responsable de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre, le Ministère de l’agriculture vient d’accorder 270 millions d’euros d’aides financières aux éleveurs porcins au lieu de les encourager à changer de modèle agricole. Le gouvernement français ne se prive pourtant pas pour stigmatiser les comportements individuels en incitant les français.e.s à bien trier leurs déchets ou à mettre un plaid sur son vieux canapé au lieu d’en acheter un neuf (tout en détricotant les mesures proposées par la Convention Citoyenne pour le Climat et en ne conservant que 10% des mesures proposées collectivement). Les bonnes habitudes sont visiblement davantage pour les individus lambdas, mais pas pour les Etats, les politiques, les entreprises polluantes et les banques qui les financent ! Pensées pour Jean Castex qui se déplace en Falcon à l’intérieur du territoire français quand des lignes de train permettent d’effectuer le même trajet…Difficile de ne pas se résigner ou fermer les yeux face à des constats aussi terribles et injustes. Mais bonne nouvelle dans le fatalisme ambiant ! Des solutions existent et ont déjà permis d’obtenir des victoires contre des projets destructeurs, de récupérer ou de gagner des droits, de construire des réseaux de solidarité.

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Quelles solutions, alors ? 

Face à l’inertie des Etats, aux entreprises polluantes et au manque de visibilité médiatique des enjeux écologiques, l’action collective est une nécessité pour instaurer un rapport de force politique. Elle permet également de s’émanciper et de sortir de la pression individuelle que l’on s’inflige souvent lorsqu’on prend conscience de la situation écologique et que l’on souhaite « faire sa part » et éteindre l’incendie seul. On n’a plus de force et d’énergie à agir à plusieurs pour tenter d’éteindre l’incendie et éviter qu’il ne s’étende davantage, n’est-ce pas ? De multiples actions sont possibles en fonction de sa situation matérielle personnelle et de sa sensibilité individuelle et une multitude de chemins sont envisageables dans l’écologie collective, à échelle plus ou moins locale : lutte contre les projets destructeurs et les industries polluantes, pour la végétalisation de son alimentation/contre l’exploitation animale, pour une agriculture respectueuse des sols, pour un logement digne pour tous et toutes, contre le racisme, pour les droits de toutes les personnes minorisées qui sont les premières victimes du dérèglement climatique, etc. Rejoindre des collectifs ou organisations existantes, créer sa propre organisation collective, s’organiser entre amis et imaginer ses propres actions, manger les riches… autant de voies pour s’investir collectivement et s’émanciper de l’écologie individuelle !

Article par Bénédicte Carrio / Crédit image : Marie-Michèle Bouchard/Unsplash

 

 

 

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Voeux

Vers une transformation écologique "soft" de la société postindustrielle

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La modification du climat par l'humain ne serait pas seulement due à l'extraction en masse de charbon, de pétrole et de gaz pour des usages non essentiels à la survie de l'humanité, mais également à des activités vitales telle l'agriculture. Celle-ci pèse aujourd'hui pour 20 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. En outre, la destruction de la biodiversité qu'implique la mise en culture intensive ou le pacage des animaux sur des espaces toujours plus étendus depuis le néolithique. ''2/3 des surfaces terrestres sont utilisées par l'agriculture, 75 % de la surface des continents sont altérés par l'humain, 13 % seulement des océans ne sont pas impactés par les activités humaines, 70 % des zones humides ont été détruites depuis 1970'', dénonce ainsi l'organisation non gouvernementale World Wildlife Found (WWF) dans son Indice planète vivante de 2020. Le nombre de vertébrés sauvages, lui, a baissé de 68 % depuis 1970. "Aujourd'hui, 97 % de la biomasse animale est composée des humains et de leurs animaux d'élevage, il ne reste plus que 3 % de biomasse sauvage" ! Conclusion : Homo sapiens détruisant son environnement depuis toujours a achevé sa conquête du monde et bute sur ses limites. Pour la première fois de son histoire, il en a pris conscience. Depuis le sommet de Rio, en 1992, et l'adoption des conventions internationales sur la biodiversité, le climat et, en 1994, la désertification, la communauté internationale tente de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de freiner les destructions d'espèces animales et végétales. Cesser d'être pyromane, viandard, destructeur : c'est bien la nature humaine qu'il s'agit de changer.

Depuis que l'humanoïde s'est mis débout, s'est outillé et armé, sa motivation est simple : créer des espaces ouverts, plus favorables à la chasse, à la quête de plantes comestibles et aux déplacements à la conquête de nouveaux territoires. Cette hypothèse a été largement confortée par la datation de couches de cendres dans les sols. Pour les chercheurs, les incendies volontaires constituent par ailleurs l'une des plus anciennes modifications du climat par l'humain. Le CO2 stocké par les arbres a en effet été relâché dans l'atmosphère en grande quantité, provoquant une augmentation des teneurs de gaz à effet de serre. L'image idyllique d'hommes grappillant ici quelques baies, prélevant là un mammouth après une chasse valeureuse et respectueuse de l'animal, ce paradis n'a jamais existé. Nos ancêtres chasseurs-cueilleurs ont utilisé tous les moyens disponibles pour éliminer les obstacles s'opposant à leur volonté y compris le feu, massacrant au passage des animaux à coup de massue, lances ou flèches. Les chasseurs-cueilleurs ont mis le feu à leurs paysages partout dans le monde, sur tout type de végétation à l'exception de la toundra. Là encore, pour ouvrir des chemins et mieux communiquer, mais aussi augmenter la productivité des plantes, attirer les animaux, bruler des territoires ennemis et même, c'est une hypothèse…pour s'amuser ! Cette déforestation sur plusieurs millénaires a provoqué des rétroactions en cascade. L'augmentation de CO2 dans l'atmosphère a contribué à réchauffer les océans et l'atmosphère, et stoppé la croissance des glaces des pôles. Par rapport à une évolution naturelle du climat, pilotée par le seul rayonnement solaire, l'activité humaine aurait augmenté la concentration en CO2 de 40 ppm (parties par million de molécules de CO2 par mètre cube d'air). L'affolement climatique est un symptôme qu'il faut traiter d'urgence. Selon William Ruddiman*, les émissions préindustrielles anthropiques (de -10.000 ans à 1750) se sont élevées à 343 milliards de tonnes, dont 300 ont été absorbés par les océans, le couvert végétal terrestre et les tourbières. Cet excédent de 43 milliards de tonnes représente le volume émis tous les ans par les 7,8 milliards d'humains d'aujourd'hui…

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Protéger l'environnement pour la survie de l'humanité est aussi une obligation absolue. Les philosophes et autres idéalistes usent plutôt d'arguments sur la nécessité de tendre vers plus de bonté, d'empathie, de sagesse et de morale. Les écologistes demandent davantage de frugalité et de sobriété. Les alarmistes, eux, tentent de convaincre en annonçant la catastrophe, bien réelle, qui se profile, et qui a d'ailleurs déjà lieu en de nombreux points du globe. Les jeunes générations, enfin, parlent de l'angoisse due au manque de perspective concernant leur futur. Force est de constater que toutes ces rhétoriques, aussi pertinentes soient-elles, ne suffisent pas à améliorer la situation. Bien souvent, ces discours ne sont compris que dans les cercles d'où ils sont issus et ne prêchent que des convaincus. On voit bien que notre société ''moderne'', hormis la parenthèse forcée que nous impose la crise du Covid-19, continue irréversiblement à polluer l'athmosphère, la terre et les océans, à détruire la biodiversité, à piller les ressources mettant ainsi en danger sa propre survie. Alors que faut-il faire pour, enfin, basculer vers une société durable à durabilité forte, capable de subvenir à ses besoins sans compromettre ceux des générations à venir ? Il nous faut harceler les dirigeants, ceux qui ont le pouvoir de changer la donne, en les sortant des discours de vœux pieux et autre bla bla. Car il ne suffit pas de souhaiter quelque chose, si juste que ce soit, pour que cela se réalise. À l'évidence, ce ne sont ni les philosophes, ni les prophètes, ni les scientifiques et autres écologistes qui décident de la marche du monde. Les individus volontaristes pissants sous la douche non plus. On peut le déplorer, mais cela ne change rien à l'affaire. Aujourd'hui, ce sont principalement les acteurs économiques et politiques qui tiennent le gouvernail, et ce sont eux que nous devons embarquer sur la voie vers la nécessaire révolution écologique, économique et sociale, les convaincre où même les contraindre par tout moyen à un changement radical. Faire évoluer le système actuel arrivant à son point de bascule et qui, de toute façon, s'essoufflera et s'autodétruira dans le temps. Une chose est certaine : ce n'est ni par bonté, ni par amour de la Planète, ni par altruisme que nous réussirons à les convaincre de le changer. Nous devons donc faire l'effort, les garder sous pression permanente et apprendre à parler leur langage : en matière de profit, de création d'emplois et de réélection...

Le passage d'une société polluante, inefficiente, basée sur la surexploitation de ressources limitées, produisant une quantité aberrante de gaspillage et créant de profondes inégalités vers une société durable forte et plus juste est l'opportunité économique et industrielle du siècle.

Imaginons un instant le potentiel que représentent :

- la construction de bâtiments neutres en carbone et la rénovation énergétique des logements anciens

- la conception et production de véhicules non polluants, tant sur la route et dans les airs, que sur les océans

- le développement d'une économie circulaire sociale, solidaire et vertueuse avec valorisation de déchets

- la production d'énergies à zéro émission ainsi que leur stockage et le transport

- la transition vers une agriculture raisonée, saine et responsable

- la transition vers une éthique environnementale remettant la nature au centre (biocentrisme)

Ce sont potentiellement des milliers de milliards de dollars d'opportunités économiques pour les entreprises, le secteur financier et industriel, et des millions d'emplois créés. Un rapport des chercheurs de la Commission mondiale pour l'économie et le climat chiffrait que des actions ambitieuses en faveur du climat pourraient générer 26.000 milliards de dollars de gains économiques et plus de 65 millions d'emplois ! N'est-ce pas plus motivant pour les climatosceptiques que des incitations à la sobriété et la décroissance même s'il en faut ? N'est-ce pas logique avant même d'être écologique ?

Une fois présentées les opportunités économiques, il est également primordial de mentionner les risques liés au statu quo : ceux qui ont massivement investi dans les énergies fossiles ont dû avoir une bien mauvaise surprise lorsque le prix du pétrole est momentanément devenu négatif en septembre, même si aujourd'hui il flambe à nouveau ? Et que se passera-t-il quand demain il deviendra illégal de financer des activités qui polluent l'atmosphère en raison des millions de morts que cela entraîne, tout comme il est interdit de financer le trafic de drogue, ce fléau dont on parle tant en ce moment ? Quand la pollution sera taxée à outrance ? Pour les grandes entreprises, il existe également un risque indéniable pour leur image. À l'heure des réseaux sociaux, les campagnes contre les principaux pollueurs de la planète qui bafouent les droits humains font de gros dégâts. Rappelons-nous les campagnes contre les conditions de travail inhumaines des sous-traitants de grandes marques de sport dans les années 2000 : voyant leur chiffre d'affaires diminuer et leur image se ternir, elles avaient été forcées de changer leurs pratiques.

Les décideurs politiques et économiques, les gens qui ont aujourd'hui le pouvoir entre leurs mains sont obligatoirement avertis et alertés par les sommets climatiques, les G20 / 15 / 7 et les COP comme celle qui s'ouvre à Glasgow, ils ne sont pas tous fondamentalement contre la protection de l'environnement. Bien sûr, quelques-uns, le 1% des plus riches, sont aveuglés par l'appât du gain et le profit à court terme, atteints d'un égoïsme qui relève presque de la psychopathie, mais ce devienne des exceptions. La vaste majorité voudrait bien faire, mais doit composer avec des nécessités qui ne sont pas les mêmes que celles des écologistes, des jeunes, des philosophes ou des scientifiques. Ils ont des emplois à créer ou à sauvegarder, des actionnaires à contenter, des électeurs à satisfaire, des usines à faire tourner... Et c'est avant tout à l'aune de ces priorités qu'ils prennent leurs décisions. Alors si la société civile et les citoyens n'arrivaient pas à les convaincre et encore moins à les contraindre, il restent deux solutions : où ce sont les pouvoirs suprêmes d'institutions planétaires tel que l'ONU qui les obligeraient par des lois et des sanctions à se plier ou alors créons et offrons-leur des alternatives qui soient crédibles et inspirantes, qui servent leurs intérêts immédiats et ceux de la société sur le long terme sans se contenter d'un ''green washing'' d'économie verte ou de son verdissement bidon. L'ONU ne possède pas encore des outils juridiques efficaces et des pouvoirs de contrainte et n'y arrivera sans doute pas dans l'immédiat, alors que le temps presse.

Il faudrait déjà commencer par détruire les lobbys industriels, ensuite passer de l'idéalisme, de l'utopie ou de la contestation à un certain réalisme positif. Cela pourrait être le moyen de basculer notre société dans un nouveau modèle de croissance au XXIe siècle : une croissance qualitative, efficiente et rentable, plutôt que quantitative, polluante, destructrice et coûteuse.

Cop 26 final

* William F. Ruddiman (8 janvier 1943 à Washington, D.C.) est un paléoclimatologue américain, professeur émérite de l’université de Virginie. En dehors des milieux scientifiques, il est connu principalement pour sa théorie, dite hypothèse Ruddiman, sur l’ancienneté du réchauffement climatique anthropique dont il fait remonter l’origine aux débuts de l’agriculture, et qui aurait évité ou retardé le retour de la glaciation.

Sources: Futura Planète / Sciences et Avenir

Il faut évaluer le coût carbone des politiques de conservation de la nature

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En ce moment se tient le congrès annuel de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à Marseille qui a mis à jour sa liste rouge des espèces menacées. Face à cette sixième extinction de masse, sa stratégie de mise sous cloche de la nature est contestée. Il en va de la biodiversité comme du climat. De congrès en sommets rassemblant des milliers de participants à coups d’allers-retours en avion, les constats se font de plus en plus alarmants, les vœux pieux se multiplient, mais gouvernements et grandes entreprises ne bougent guère le petit doigt. Réunie depuis vendredi 3septembre, l’UICN a mis à jour samedi son baromètre du vivant: près de 30% des espèces étudiées dans sa «liste rouge» sont aujourd’hui menacées d’extinction. Soit 38543 sur 138374 espèces dont l’état des lieux est déjà considéré comme préoccupant. Risquent notamment de disparaître: le dragon de Komodo, plus grand lézard au monde, et une part croissante de la famille des requins et des raies. Pour répondre à cette 6 extinction de masse provoquée par les humains, l’UICN prône depuis longtemps la constitution d’«aires protégées». Mais cette approche a montré ses limites. Elle ne correspond plus aux logiques d’un monde interconnecté. Est-il encore possible d’enrayer la chute abyssale de la biodiversité sur la planète? Quel changement de logiciel cela impliquerait-il ? L’UICN est une ONG qui fédère plus de 1400structures, y compris des États, ce qui la distingue d’autres organisations non gouvernementales. On y trouve des commissions composées de chercheurs et de spécialistes reconnus sur les espèces animales ou végétales, qui définissent notamment la liste rouge des espèces menacées dans le monde qui a été mise à jour samedi. Une autre commission importante de l’UICN est celle sur les «aires protégées». Ces dernières constituent le principal outil des politiques de conservation de la nature depuis plus d’un siècle. L’UICN a eu un poids prépondérant dans cette histoire en proposant notamment des typologies qui standardisent le degré de protection d’une aire à l’autre et permettent de comparer entre elles les différentes appellations légales nationales. C’est ainsi que l’UICN définit aujourd’hui six catégories, qui vont des aires intégralement protégées où les humains ne peuvent pénétrer, à part quelques gestionnaires et scientifiques tel l'Archipel des Sept Îles en Bretagne, à des zones très ouvertes. C’est le cas, en France, des parcs naturels marins ou encore des parcs naturels régionaux, où l’on peut à peu près tout faire, y compris construire une centrale nucléaire. L’agenda de l’UICN repose sur la pérennisation de cet outil. De ce point de vue-là, le congrès de Marseille n’apportera pas de nouveauté. En termes de fonctionnement interne, une motion importante doit être votée pour intégrer les collectivités locales: pour la première fois, elles pourraient devenir membres de droit de l’assemblée générale.

Sur le fond, ce congrès est guidé par le souci de ré-articuler les notions de biodiversité et de pandémie, avec notamment l’approche «One Health» (« une seule santé»), qui aborde dans un même ensemble les notions de santé humaine, de santé animale et de santé des écosystèmes. Avec l’épidémie de Covid-19, on a vu, comme l’a montré le dernier rapport de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques), qu’il y avait un lien très clair et dynamique entre l’émergence des pandémies, l’état des écosystèmes et le rôle des infrastructures socio-techniques, comme les élevages industriels.

Une tendance lourde gêne toutefois cette évolution: le monde de la conservation a été particulièrement isolé au XX siècle dans sa gestion des aires protégées. La question environnementale était alors difficilement audible et les professionnels de la conservation, scientifiques et gestionnaires, se sont retranchés dans leurs réserves. En dehors de ces zones, on faisait absolument tout et n’importe quoi, sans considération pour l’environnement. La pensée des conservationnistes s’est ainsi concentrée sur des espaces très spécifiques sur lesquels ils voulaient intervenir pour protéger telle ou telle espèce. Cette approche imprègne encore énormément toute la question de la conservation: est-ce que la conservation doit s’intéresser à des endroits précis et, ce faisant, délaisser les autres espaces? La COP15 sur la biodiversité qui se tiendra l’année prochaine en Chine s’inscrit précisément dans ce cadre : son objectif sera de faire passer les surfaces maritimes et terrestres protégées à 30% des surfaces du globe– on est actuellement à 17% des espaces terrestres et 7% des espaces marins. Depuis des années, l’objectif est d’augmenter ces surfaces protégées. Or cette approche présente de sérieuses limites.

Il faudrait déjà réfléchir aux liens entre la multiplication des aires protégées et les conditions environnementales des espaces non protégés. Avec le changement climatique et les pollutions, nous constatons que la dégradation de l’environnement ne peut être contenue dans des barrières géographiques. Il serait donc censé de mener une réflexion sur la transformation environnementale qui soit plus structurelle que la simple multiplication d’espaces protégés ponctuels et limités dans leur extension spatiale. L’autre objection à cette approche est que les niveaux de protection sont souvent assez faibles. La France, par exemple, affiche un taux élevé d’aires protégées (27% des espaces terrestres pour la France métropolitaine). Mais on y trouve les parcs naturels régionaux, les parcs naturels marins... et les chiffres de la Nouvelle- Calédonie! Le parc naturel de la mer de Corail faisant 1,3million de km, soit plus de 2,5fois la superficie de l’Hexagone. Or, pour l’heure, quasiment aucun moyen humain ni financier n’est alloué à la gestion de ce gigantesque espace. C’est un parc de papier. Au-delà de la question des moyens ou de la réalité du terrain, que fait-on des territoires non protégés? Est-ce que protéger 30% des surfaces de la planète nous permet de bétonner allègrement les 70% restants? C’est une question fondamentale. Et pour y répondre, il faudrait que la conservation de la nature imprègne tous les secteurs d’activité, pas seulement des endroits isolés. Quand on voit que la Chine, en quatre ans, a produit autant de béton que les États-Unis tout au long du XXesiècle, pour reprendre des données de l’historien Jean-Baptiste Fressoz, on ne peut qu’être inquiet. Il y a une tension entre exploitation et protection qu’il faut dépasser. Difficile de croire que le capitalisme, même vert, puisse réussir à résoudre des problèmes que son propre fonctionnement a générés. Penser que par l’incitation économique, on peut transformer l’économie qui, jusqu’à présent, a détruit la nature semble spécieux. Ce biais peut s’expliquer par le fait que les grandes ONG de conservation sont toutes plus ou moins adossées à des financements massifs de grands groupes industriels. Du côté de l’UICN, toutefois, il y a une diversité assez large des positions: depuis une vingtaine d’années, une approche plus sociale et plus intégrée des questions de conservation se fait jour. La question des populations vivant dans ces zones est centrale. Sous prétexte de protéger la nature, les politiques de conservation ont eu des effets sociaux dramatiques, en particulier pour des populations qui étaient déjà marginalisées : paysans, chasseurs ou pêcheurs vivriers, éleveurs... La focalisation sur les aires protégées a fait qu’on a demandé aux populations locales des efforts énormes pour changer leurs modes de vie, alors que les changements demandés aux sociétés dans leur ensemble étaient minimes. Historiquement, les politiques de conservation ont été révolutionnaires au niveau local, mais au mieux réformistes au niveau global. Ce qui manque, en réalité, c’est ce qu’on pourrait appeler le «coût carbone» des politiques de conservation. Intégrer cela permettrait de sortir de la vision localiste de l’aire protégée et de l’articuler avec les consommations carbone des gestionnaires, des touristes, des scientifiques qui travaillent sur ces espaces. Cela permettrait de réévaluer totalement la place et l’impact des «populations locales» à qui l’on demande des restrictions. Par exemple, au parc national du Banc d’Arguin, sur la côte mauritanienne, où les Imraguens, peuple de pêcheurs, sont limités dans l’utilisation de moteurs, tandis que des chalutiers espagnols ou chinois passent au large du parc national. On intervient de l’extérieur sur ces espaces et on demande aux populations qui les habitent de réduire leur train de vie, voire on les exclut des lieux, alors que ce ne sont pas elles qui ont le plus d’impact environnemental...

Ce dénigrement des pratiques locales a été une constante dans l’histoire de la conservation. Il a touché, bien sûr, les pays colonisés, mais également les pays occidentaux. En France, par exemple, la restauration des terrains en altitude dans la seconde moitié du XIX siècle, censée limiter l’érosion provoquée par l’agriculture de montagne, s’est basée sur une gestion étatique, au détriment des savoir-faire locaux. Ce n’est qu’à partir des années 1970 qu’on se préoccupe à nouveau des savoirs des populations locales dans la gestion des espaces protégés, dans le cadre général d’un intérêt pour le «développement durable». Parmi ces pratiques, il y a les «communs», une notion popularisée par la chercheuse américaine Elinor Ostrom, prix Nobel d’économie en 2009. Les communs définissent une gestion des espaces et des ressources naturelles qui ne repose pas sur la propriété privée mais sur des formes collectives d’accès et d’usage de ces ressources. La prise en compte de ces pratiques, à partir des années 1980, a permis de réintroduire une diversité dans les politiques de conservation, diversité elle-même renforcée par la biodiversité qui émergeait au même moment comme concept biologique. Il serait difficile de revenir vers ces systèmes de manière généralisée, mais ce sont des formes alternatives de conservation qui devraient être revalorisées. Il faudrait sortir de l’enclavement des zones protégées parce que cela correspond à l’idée d’un écosystème isolé. En réalité, les écosystèmes sont dynamiques, ils sont toujours en déséquilibre. La biodiversité est précisément un concept qui remet en cause l’idée d’un système stable.

Dans ce cadre, il y a eu une forte mobilisation en faveur d’une conservation participative au cours des années 1990, s’intéressant aux populations locales. Mais sur la décennie suivante, de grosses ONG ont jugé que cette approche ne fonctionnait pas et ont préféré revenir à des formes de protection strictes et autoritaires. On peut espérer qu’aujourd’hui la tendance change de nouveau, dans le sens où de nombreux acteurs tentent de se saisir de la pandémie pour montrer que les choses sont profondément interconnectées et qu’on ne peut pas limiter la conservation de la nature à la constitution d’aires protégées. Une politique efficace serait de mettre en place des mesures contraignantes dans différents secteurs de l’action publique et d’arrêter avec cette idée qu’on peut limiter notre action à quelques espaces. Un exemple: au Royaume-Uni, le pays de Galles a bloqué en juillet toute construction de nouvelles routes en attendant un audit sur la nécessité d’avoir de nouveaux axes routiers. La politique française, elle, est très timorée. Elle se restreint à des mesures trop souvent ponctuelles. Par exemple, les politiques de compensation de la biodiversité – remplacer un espace détruit par la conservation d’un autre – sont encore balbutiantes. Telle qu’elle se développe aujourd’hui, la compensation est une vision par le petit bout de la lorgnette, sans prise en compte des impacts à l’échelle de la planète. Si, par exemple, on compense cinq hectares concernés par la construction d’un puit de pétrole par la protection de cinq autres hectares, on ne prend pas du tout en compte les dégradations que provoque l’exploitation de ce pétrole à l’échelle mondiale. Autre exemple en France, championne des pesticides: si un jour la Beauce devait compenser toute la biodiversité qu’elle a détruite dans ses champs par des espaces équivalents, il faudrait mettre sous protection des espaces énormes, qui ne sont pas disponibles, ce qui explique peut-être pourquoi la compensation est si peu développée dans le secteur agricole... Le problème, c’est que la biodiversité n’a jamais été en France un objet politique légitime. D'autre part, nous ne pouvons pas dissocier climat et biodiversité. De nombreux chercheurs travaillent depuis longtemps en ce sens, notamment sur la question de la forêt: comment la séquestration du carbone, qui a un impact sur le climat, peut-elle avoir un impact positif sur la protection de la biodiversité? Les deux notions ne se font pas concurrence. Mais leur traitement diverge car, d’un côté, le climat a tout de suite été un objet global, appelant des solutions «clés en main», tandis que la biodiversité, par ses spécificités locales, très contextualisées, est généralement traitée par des exemples. Cela a eu tendance à diminuer son importance. Mais l’enjeu de préserver la biodiversité est tout aussi crucial que celui de limiter le réchauffement climatique. La pandémie que nous traversons va peut-être permettre de les ré-articuler.

Interprété de propos d'Estienne Rodary recueillis par Amélie Poinssot (article publié le 6 septembre 2021 par Médiapart)

Estienne Rodary est géographe, ancien rédacteur en chef de la revue Écologie et Politique, directeur de recherches à l'IRD*. Il a notamment codirigé le Manifeste pour une géographie environnementale (Presses de Sciences Po, 2016).

*Institut de recherche pour le développement est un établissement public à caractère scientifique et technologique français sous la tutelle des ministères chargés de la Recherche et de la Coopération, remplaçant l'Office de la recherche scientifique et technique outre-mer.


 

HOT HOT

Oh le nucléaire, quand tu nous tiens, le Giec sourit. Une question d'atomes crochus et de température ...

Il est aujourd'hui incontestable que l’influence humaine a réchauffé l’atmosphère, les océans et les terres. Des changements rapides et généralisés se sont produits dans la cryosphère et la biosphère. 100% du réchauffement climatique est anthropique, donc dû aux activités humaines. C’est aujourd’hui un fait établi, sans équivoque. L’ampleur des changements récents dans l’ensemble du système climatique et l’état actuel de nombreux de ces aspects sont sans précédent, de plusieurs siècles à plusieurs milliers d’années. Dans tous les scénarios d’émissions, à l’exception du plus bas, nous dépasserons le seuil de réchauffement mondial de +1,5°C dans un avenir proche (entre 2021 et 2040) et resterons au-dessus de +1,5°C jusqu’à la fin du siècle. Le changement climatique d’origine humaine affecte déjà de nombreux phénomènes météorologiques et climatiques extrêmes dans toutes les régions du monde. Les preuves des changements observés tels que les vagues de chaleur, les fortes précipitations, les sécheresses et les cyclones tropicaux, et, en particulier, leur attribution à l’influence humaine, se sont renforcées depuis le cinquième rapport d’évaluation du GIEC.* Il est probable que la proportion mondiale de cyclones tropicaux majeurs (catégorie 3-5) ait augmenté au cours des quatre dernières décennies. Pour la première fois, son dernier rapport décrit une augmentation observée des événements extrêmes pour les ouragans. Auparavant, ces changements étaient trop incertains pour faire l’objet d’un consensus international. Les phénomènes météorologiques extrêmes s’aggravent désormais de manière mesurable sur toutes les parties de tous les continents (à l’exception du sud de l’Amérique du Sud, où les données sont trop rares). La question de savoir à quelle vitesse nous pouvons réduire les émissions de manière réaliste est une question de politique et d’économie, et non de science physique, mais chaque tonne émise participe au réchauffement.

Quelle part revient au capitalisme dans ce processus ?

Un courant marxiste a pu soutenir l’idée que le capitalisme finirait par s’effondrer sous le poids de ses propres contradictions économiques. Certaines critiques écologiques du capitalisme reprennent parfois ce type de discours aux accents téléologiques, affirmant que l’ensemble de la société thermo-industrielle butera sur des limites physiques, naturelles et s’écroulera. Cette idée mécaniste que la dynamique d’accumulation conduirait automatiquement à un écroulement du capitalisme. Ce fut notamment le cas dans l’entre-deux guerres d’un auteur allemand, Henryk Grossman, qui en avait fait un véritable dogme. Il y a effectivement des similitudes fortes entre cette théorie et celle de l’effondrement écologique inévitable de la ''société thermo-industrielle '', qui est défendue aujourd’hui par certains courants verts. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’un petit courant '' marxiste collapsiste '' a fait sa réapparition récemment dans le monde hispanophone, en Amérique latine notamment. Les gouvernements pour leur part refusent ce fatalisme de l’effondrement. Même si la situation est gravissime et que ce soit l’évidence même. Le capitalisme ne s’écroulera pas si facilement de lui-même, ni sous le poids de ses contradictions internes, ni du fait de la crise écologique. Même si une probabilité il y a, il fera tout pour résister. Sa logique pousse au contraire des secteurs des classes dominantes à envisager des moyens néo-malthusiens, barbares, pour se sauver et sauver leurs privilèges. Face à cette menace très concrète, le fatalisme de l’effondrement inévitable sème la résignation. Or, nous avons urgemment besoin de lutte, de solidarité et d’espérance. Il faut impérativement, pour rester dans les clous écologiques, réduire massivement les émissions de gaz à effet de serre, donc l’extraction, le transport, la transformation de matières et la consommation d’énergie. Par conséquent, la transition socio-économique doit être cadrée par des indicateurs physiques. D’autre part et surtout, ce sont précisément les investissements gigantesques nécessaires à la transformation des systèmes productifs, en particulier du système énergétique, qui rendent indispensable la décroissance en question. La transition en effet ne consiste pas à dire qu’un système B pourrait fonctionner comme alternative au système A, mais à indiquer le chemin menant de A à B. Le système énergétique fossile n’est pas adaptable aux sources renouvelables. Il doit donc être mis à la casse de toute urgence et un nouveau système doit être construit. La tâche est immense et requiert inévitablement de grandes quantités d’énergie. Aujourd’hui, globalement, cette énergie est fossile à 80 %, donc source d’émissions de CO2. Autrement dit: toutes autres choses restant égales, la transition elle-même sera la cause d’un supplément d’émissions. Or celles-ci doivent commencer à diminuer tout de suite et très radicalement. Dans le cadre de la logique capitaliste d’accumulation, le problème est rigoureusement insoluble. Si l’on met de côté le climato-scepticisme ou le déni climatique la seule réponse du système consiste de continuer à développer des technologies insuffisantes, incertaines et dangereuses, comme le nucléaire et la bioénergie avec capture et séquestration du carbone. Plutôt que de tout mettre en œuvre pour ne pas dépasser le seuil de dangerosité de 1,5°C, on choisit de le faire dans l’espoir que ces technologies permettront de '' refroidir '' la planète par la suite. C’est une folie intégrale, un non-sens absolu. Pourtant, c’est vers ces ''solutions '' d’apprenti-sorcier que le ''capitalisme vert'' s’oriente aujourd’hui, parce que la seule manière rationnelle d’équilibrer l’équation climatique est intolérable pour lui. Il faudrait décréter une mobilisation générale, dresser un inventaire de toutes les productions inutiles ou dangereuses, de tous les transports inutiles, et les supprimer purement et simplement, sans indemnités pour les actionnaires, jusqu’à atteindre les réductions d’émissions nécessaires. Il va de soi que cette opération requiert des mesures draconiennes, notamment la socialisation des secteurs de l’énergie et du crédit, la réduction massive du temps de travail sans perte de salaire, la reconversion des personnels dans des activités utiles avec garantie du revenu, et le développement de services publics démocratiques. Mais cet attrait renvoie aussi, chez certain·e·s, à une prise de conscience politique de la nécessité de rompre profondément avec la société actuelle, son productivisme et son fétichisme de la marchandise. Il y a là un paradoxe : alors qu’ils semblent incapables d’expliquer pourquoi le capitalisme est si destructeur, les collapsologues entrent néanmoins en écho avec des couches sociales, jeunes notamment, qui cherchent des réponses anticapitalistes. Vis-à-vis de ces milieux, il est donc important de mener le débat. En particulier important d’expliquer que le scénario d’inspiration anarchiste d’un effondrement du capitalisme ouvrant la voie à la société autogestionnaire basée sur les communautés locales ne permet pas de faire face aux défis globaux de la transition. La complexité de ces défis requiert une action planifiée. J’adhère à 100 % aux idées d’autogestion décentralisée, mais la transition requiert à la fois la centralisation et la décentralisation, la planification et l’auto-activité. L’histoire a montré les risques terribles de dégénérescence propres à cette combinaison des contraires. Mais la bureaucratisation ne saurait être évitée en se projetant, au-delà de la transition, dans un futur autogestionnaire radieux, sans État ni partis… Il faut un programme pour la combattre.

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Il ne sera pas possible de limiter la présence de CO2 dans l’atmosphère sans capture et stockage des émissions de carbone provenant notamment de l’industrie. Le GIEC, y compris dans son dernier rapport publié le 9 août, l’Agence internationale de l’énergie, le World Economic Forum, l’Académie des sciences américaine ou l’Imperial College de Londres prônent le développement et le recours massif à cette technologie. Elle fait pourtant l’objet d’un rejet presque systématique et sans réels fondements autres qu’idéologiques de la plupart des mouvements et des partis écologistes. Du coup, les gouvernements s’en détournent. A tort. En fait, son principal défaut est d'ordre moral. Elle permettrait à l’industrie lourde, aux centrales thermiques et aux pétroliers de poursuivre leurs activités. La définition de la transition énergétique est assez simple. Elle consiste à substituer d’autres sources d’énergies qui émettent moins de gaz à effet de serre aux carburants fossiles. L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines. Le reste, c’est de l’idéologie utilisant la transition comme prétexte. Ainsi, la guerre contre l’énergie nucléaire menée par les partis écologistes n’a en fait rien à voir avec la transition et tout avec la raison d’être originelle de ces mêmes partis… Les partis écologistes en Europe sont nés dans les années 1970 pour combattre le nucléaire. Cette source d’énergie étant la moins carbonée de toutes, ce combat originel est devenu contradictoire avec celui contre les émissions de gaz à effet de serre. Mais peu importe. Il est difficile pour un mouvement politique d’admettre que son fondement idéologique est à jeter aux oubliettes. Cela ne signifie pas que l’énergie nucléaire ne présente pas de nombreux inconvénients et problèmes. Mais pas celui d’émettre des gaz à effet de serre. L'énergie nucléaire est une source à faible teneur en carbone qui a permis d'éviter environ 74 gigatonnes d'émissions de CO2 au cours des 50 dernières années, soit près de deux ans d'émissions mondiales totales liées à l'énergie. Seule l'hydroélectricité a joué un rôle plus important dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre au cours de cette période. Comme les centrales nucléaires produisent à la fois de l'électricité et de la chaleur à faible teneur en carbone, elles offrent également des possibilités de décarbonisation des industries à forte intensité énergétique. Par exemple, il est possible de développer la production d'acier, d'hydrogène et de produits chimiques à faible ou à zéro émission de carbone afin de décarboniser les secteurs difficiles à éliminer. L'énergie nucléaire est une option compétitive en termes de coûts pour la production d'électricité dans de nombreuses régions du monde. Des cadres de financement et de marché à faible coût pourraient alléger le poids des investissement initiaux élevés, de l'ordre de 5 à 10 milliards de dollars pour les grandes centrales nucléaires. Les futurs ''microréacteurs'' et SMR** à petite échelle seront probablement plus faciles à financer et permettront une interaction technologique avec les énergies renouvelables variables. L'énergie nucléaire présente des risques spécifiques, tels que les accidents radiologiques et la gestion des déchets radioactifs, qui doivent être correctement anticipés et traités. Certains pays choisissent de ne pas recourir à l'énergie nucléaire parce qu'ils considèrent que les risques d'incidents et d'accidents nucléaires sont inacceptables ou en raison des problèmes liés à l'élimination à long terme des déchets radioactifs. Il en va de même de la confusion entretenue à dessein entre énergies renouvelables et décarbonées. Les sources d’énergies renouvelables émettent aussi des gaz à effet de serre (GES) et parfois dans des quantités non négligeables, à commencer par le solaire. Et elles en émettent aussi indirectement quand elles contraignent à maintenir en permanence des capacités de production électriques fossiles que l’on peut activer quand il n’y a pas de vent ou de soleil. Sinon les réseaux électriques s’effondreraient. Cela ne signifie pas que l’éolien et le solaire ne soient pas utiles à la transition, mais qu’ils présentent de nombreux inconvénients qui font qu’ils sont incapables de répondre à de nombreux besoins des sociétés modernes. Et ils le seront tant qu’il n’existera pas des technologies offrant des capacités de stockage de l’électricité à l’échelle des besoins d’un pays. Pour l'instant, nous en sommes loin.

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Dans les GES on oublie souvent le méthane. Ce puissant gaz à effet de serre, dont la concentration dans l’atmosphère croît plus vite que celle du CO2, est responsable de près de la moitié du réchauffement. Il est utilisé comme carburant ou pour se chauffer (gaz '' naturel''), et d’immenses quantités en sont relâchées par l’élevage, lors de l’extraction gazière ou pétrolière et libérées par la fonte du pergérisol ou permafrost à cause du réchauffement arctique. Alors qu’il produit l’essentiel de ses effets dans les premières années passées dans l’atmosphère, la réduction de ses émissions aurait des effets rapides et majeurs sur le climat. C'est un serpent qui se mord la queue et il nous sera de plus en plus compliqué d'en sortir si rien ne bouge d'une manière radicale. Notre civilisation s'embourbe et s'enfonce dans une crise sans précédent. Les ''collapsologues'' qui prédisent l'effondrement total de la race humaine ne sont finalement pas très loin de la réalité. Les scénarios envisagés sont plus qu'alarmants. Le réchauffement lié à cette accumulation sans précédent de gaz à effet de serre a entraîné une foule de bouleversements déjà largement documentés. Parmi ceux-ci, des événements climatiques extrêmes qui se multiplient et s’intensifient . Des océans qui s’acidifient et sont vidés de leur oxygène , les biosphères qui se déplacent vers les pôles, etc. Parmi les conséquences les plus spectaculaires, l’élévation des températures a entraîné celle du niveau des océans, qui ont grimpé de 20 centimètres depuis 1900. Depuis 1971, cette hausse est due pour moitié (50%) à l’expansion thermique liée au réchauffement de l’eau marine, la fonte des glaciers (22%) et celle des calottes glaciaires (20%). Entre les années 1990 et 2010, le rythme de fonte de ces dernières a été multiplié par quatre. Depuis 2006, la fonte des glaces est devenue le principal facteur d’élévation des océans. Un phénomène qui s’emballe : de +1,3mm par an entre 1901 et 1971, les mers sont montées de 1,9mm entre 1971 et 2006, et enfin de 3,7mm entre 2006 et 2018. Globalement, l'océan de vie se meurt. Le scénario le plus ''idéaliste'' se base sur la soutenabilité et une voie verte vers un développement plus inclusif qui respecte les limites environnementales planétaires et s’articule autour du bien-être des populations et de la réduction des inégalités. La consommation est orientée vers une faible croissance matérielle, une moindre utilisation de ressources et d’énergie, la solidarité et une reconnexion avec la nature. Le scénario d’un développement économique et social élevé basé sur les marchés compétitifs, la compétition entre individus et l’innovation qui nécessite de recourir à d’abondantes ressources en énergies fossiles, correspond au scénario le plus pessimiste. A nous de choisir la voie, nous sommes les maîtres de notre destin. Dans tous les cas, les températures continueront d’augmenter au moins jusqu’aux années 2050. Le scénario le plus optimiste permettrait de contenir le réchauffement à 1,6°C (fourchette de 1,2 à 2°C) d’ici le milieu du siècle, avant d’amorcer, sans certitude, une légère décrue au tournant des années 2100 pour redescendre à 1,4°C (entre 1 et 1,8°C). Le scénario le plus pessimiste prévoit un réchauffement entre 3,3 et 5,7°C, avec une estimation moyenne de +4,4°C. La vie alors disparaîtrait des océans. Le comportement des océans est l’un des sujets cruciaux de ce siècle. Comparé à la période 1995-2014, le niveau des mers pourrait monter de 28 à 55 centimètres dans le scénario le plus optimiste, et attendrait 63 centimètres à 1 mètre dans le scénario à fortes émissions, note le rapport. Pis, en raison de ''profondes incertitudes'' liées au comportement des calottes glaciaires, n’excluons pas un scénario catastrophe, dans lequel l’océan monterait de 2 mètres d’ici 2100 et jusqu’à 5 mètres en 2150. Mettre en œuvre le plus radical des scénarios qui leur sont proposés, ce n’est pas ce que les gouvernements sont en train de faire. Leurs plans climat nous mènent actuellement vers un réchauffement de 3,5°C. Alors choisissons le bon et vite !!!

Jerry J.Pelikan (Captain Blackbone) Blue Ocean Nation / World Citizen Climate Council (WCCC) / Conseil Citoyen Mondial du Climat (CCMC)

*GIEC-Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat est un organisme intergouvernemental ouvert à tous les pays membres de l'Organisation des Nations unies. Il regroupe actuellement 195 États. Wikipédia

**Les petits réacteurs modulaires (en anglais : Small modular reactors, abrégé en SMR) sont une catégorie de réacteurs nucléaires à fission, de taille et puissance plus faibles que celles des réacteurs conventionnels, fabriqués en usine et transportés sur leur site d'implantation pour y être installés. C'est une des solutions nucléaires à petite échelle, servant à produire de l'électricité ou de l'hydrogène pour des sites limités en taille et souvent isolés. On parle alors de petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR). Ils représentent une alternative plus économique et écologique aux réacteurs nucléaires conventionnels. Le développement de ces petits réacteurs nucléaires modulaires pourrait par exemple permettre d'offrir de l'électricité décarbonée à des sites géographiquement isolés, tels que certaines îles, des navires ou des bases nautiques, mais aussi d'alimenter en électricité propre des endroits qui, jusqu'alors, profitent d'une énergie produite à base de combustibles fossiles. Ces SMR disposent d'une puissance pouvant varier de 10 à 300 mégawatts.

Tipping Point # 2

Un courant océanique majeur de l'Atlantique se détraque et c'est inquiétant pour le vivant

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Comme je l'ai évoqué récemment dans un billet publié sur ce blog, nous sommes entré dans la limite du supportable en émissions du CO2 et à ne pas dépasser pour rester en vie. Les mesures effectuées au mois d'avril dernier à l'observatoire de Mauna Loi à Hawaii nous alertent sur les dernières évolutions des GES* générant un réchauffement climatique indéniable. Une nouvelle étude parue jeudi 5 août dans la revue Nature Climate Change alerte sur un autre phénomène primordial à notre survie. Il s'agit du courant marin, qui joue un rôle de thermostat au niveau du climat mondial qui est en train de se détraquer. La circulation méridienne de retournement Atlantique dite Amoc, souvent confondue avec le Gulf Stream,  est un ensemble complexe de la circulation de l'eau dans l'océan Atlantique. En fonction de sa salinité, de sa masse, de sa densité ou encore de sa température, l'eau se déplace différemment dans ce vaste système, générant un flux jusqu'alors stable et constant. En transportant d'énormes quantités d'eau de la surface aux profondeurs et inversement, l'Amoc contribue à réguler le climat tel que nous le connaissons.

Mais depuis les années 1960, ce flux s'est considérablement affaibli, atteignant son niveau le plus faible depuis un millénaire et la dégénérescence de sa stabilité est causée par le réchauffement climatique. Cet arrêt progressif aura des conséquences environnementales désastreuses à travers la planète et le point de non-retour risque d'être franchi dans peu d'années à venir. La circulation méridienne de renversement Atlantique est l’un des principaux systèmes de courants océaniques de notre planète. Il transporte les eaux de surface chaudes des Caraïbes vers l’Atlantique nord, et rapatrie l’eau froide dans le sens inverse. Ce tapis roulant géant répartit la chaleur reçue du soleil et influence les climats dans de nombreuses régions du monde. Mais la fonte des glaces au Groenland ou en Arctique brouille ce système de renouvellement au Nord. Les calottes glaciaires apportent de l'eau douce au courant, moins dense que l'eau salée, qui a pour conséquence de ralentir le tapis roulant, sans être la seule raison de ce ralentissement. L'effondrement de l'Amoc constitue ce que les experts du climat appellent un "seuil de rupture" ("tipping point" en anglais), à savoir un moment où le climat basculerait soudainement et de manière irréversible dans un état complètement différent de celui que nous connaissons. Les conséquences de cette bascule seraient en effet immenses. Les températures seraient fortement impactées dans l'hémisphère nord, avec une augmentation du nombre de tempêtes, tandis que le niveau de l'océan Atlantique connaîtrait une forte hausse. Les moussons en Afrique et en Amérique du Sud se déplaceraient, exposant encore davantage de populations à d'importantes sécheresses. Cela provoquerait aussi une perturbation des écosystèmes marins et une baisse de production de tous les produits de la mer ainsi qu'une baisse de l'absorption du CO2, et donc une hausse de la concentration de ce gaz dans l'atmosphère, puis une accélération de la montée de la température sur terre ferme et une hausse de la température des océans. Soit une accélération du changement climatique. Parce qu'il absorbe et stocke la chaleur beaucoup plus efficacement que les terres et l'atmosphère, l'océan s'est considérablement réchauffé au cours des 50 dernières années en raison des émissions de gaz à effet de serre d'origine anthropique, relève Météo France. Or, cela a "des conséquences sur les propriétés et la dynamique de l'océan, sur ses échanges avec l'atmosphère et sur les habitats des écosystèmes marins", note l'institut. Outre cette hausse de la température des océans, l'arrivée massive d'eau douce, plus légère que l'eau salée issue de la fonte des glaces, là aussi causée par le changement climatique, perturbe la circulation des flux marins et provoque une hausse du niveau côtier. Ces résultats soutiennent l'évaluation selon laquelle le déclin de l'Amoc n'est pas seulement une fluctuation ou une réponse linéaire à l'augmentation des températures, mais signifie probablement l'approche d'un seuil critique au-delà duquel le système de circulation pourrait s'effondrer. C'est ce que craignent les scientifiques, le ''point de basculement'', celui de non-retour qui apportera donc des conséquences désastreuses irréversibles. Tout le vivant est concerné par le réchauffement terrestre et océanique.

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Nous disposons depuis une trentaine d'années d'indicateurs de suivi extrêmement précis, rigoureux, qui nous permettent d'avoir du recul sur le déclin d'un certain nombre d'espèces, qu'il s'agisse de mammifères, d'oiseaux, d'insectes ou de plantes. Et le constat est sans appel. Sur environ 2 millions d'espèces décrites et 10 millions supposées, entre 500.000 et 1 million sont menacées d'extinction dans les prochaines décennies, y compris en Europe a alerté en 2019 la plate-forme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), l'équivalent de ce qu'est le Giec pour le climat. Les populations d'oiseaux des campagnes françaises, comme les alouettes, perdrix ou tourterelles des bois, ont chuté d'un tiers en quinze ans. Depuis l'époque romaine, seuls 5 % environ des espèces ont réellement disparu, comme le dodo ou le loup de Tasmanie. Alors que lors de chacune des cinq grandes crises de la biodiversité du passé géologique, 80 % des espèces avaient disparu. On pourrait donc se dire que nous sommes loin du compte, que nous avons le temps. Hélas, non, nous n'avons pas le temps, car la crise actuelle est cent à mille fois plus rapide que celles du passé, sa vitesse est inédite. Nous ne savons pas exactement quand les écosystèmes vont basculer, ni vers quels nouveaux équilibres ils basculeraient, car le vivant n'est pas une machine, donc il n'est pas prédictible. On sait qu'il y a des effets de seuil, on sait qu'il ne faut pas les dépasser, mais on ne sait pas où ils sont. On sait que si l'on détruit la moitié ou les trois quarts de la forêt amazonienne, cela bouleversera son équilibre au point qu'elle se transformera en savane, voire en un désert comme celui du Sahara, où plus rien ne pousse, sans retour en arrière possible. Mais on ne sait pas si le point de bascule se situe à la moitié ou aux trois quarts de destruction. Nous sommes encore à l'aube d'une crise majeure, mais les heures défilent très vite et nous devons prendre garde à ne pas dépasser certains seuils. Il est temps d'agir, mais sans perdre un instant. Ne serait-ce que pour notre propre survie. En effet, je n'ai aucune inquiétude pour l'avenir de la vie sur Terre, mais pour celui de l'homme, oui. Il faut bien prendre conscience que nous ne sommes rien sans la biodiversité, sans ce tissu vivant de la planète dont nous faisons d'ailleurs partie. Nous sommes dépendants des services écosystémiques qu'elle nous rend : on ne se nourrit que du vivant, on ne peut pas digérer sans les bactéries intestinales, on respire grâce au plancton et aux végétaux. Nous sommes sur une fenêtre physiologique extrêmement étroite, très adaptée aux conditions de la planète d'aujourd'hui, pas forcément à celles de demain. Si le plancton océanique basculait dans un autre équilibre et cessait de nous fabriquer de l'oxygène, nous aurions moitié moins d'oxygène, ce serait dramatique. Lors des crises du passé, il y a toujours eu des gagnants et des perdants. Et nous risquons de figurer parmi les perdants, puisque nous sommes une espèce fragile, car bien plus complexe qu'une bactérie ou qu'un organisme unicellulaire. Les microbes, eux, s'en sortent toujours, ils mutent et s'adaptent très rapidement, on le voit avec le coronavirus. Outre sa vitesse, l'autre originalité de la crise actuelle, c'est que pour la première fois, une espèce en est la cause, la notre, homo sapiens. Cela nous impose une responsabilité, pour faire évoluer nos comportements. La bonne nouvelle, c'est que nous connaissons les facteurs de pression, puisque c'est nous qui les exerçons : émission des GES provoquant le changement climatique, fragmentation et bétonisation des territoires, pollutions diverses, notamment avec les pesticides, surexploitation des ressources, déplacement d'espèces potentiellement invasives… Autant de facteurs qui s'accumulent et interagissent, mais sur lesquels nous pouvons agir. Individuellement, mais surtout collectivement. La nature est très résiliente, sous réserve que l'on n'ait pas dépassé certains seuils. En 1992 par exemple, on a mis un moratoire sur la pêche à la morue au large de Terre-Neuve, les stocks s'étant effondrés. Aujourd'hui, l'espèce n'est pas éteinte, mais les morues ne sont toujours pas revenues à cet endroit. Le moratoire a été pris trop tard, on avait déjà dépassé le seuil critique au-delà duquel l'écosystème avait basculé dans un autre équilibre. Dans le cas du thon rouge de Méditerranée, le moratoire a été pris à temps, on n'avait pas encore atteint le seuil, et le thon rouge revient. La prise de conscience progresse, mais beaucoup trop lentement. Même si les politiques parlent désormais de biodiversité, qu'ils semblent avoir compris les enjeux, tout ce qu'elle nous apporte, y compris économiquement, ils n'agissent pas vraiment. Si nous convertissons la biodiversité en argent, le Fonds monétaire international estime qu'une seule baleine apporte à la planète un bénéfice de 1,8 million d'euros en piégeant du carbone. La contribution des pollinisateurs est évaluée à 500 milliards d'euros par an, dont 2,3 à 5,3 milliards d'euros chaque année rien qu'en France. Au total, la biosphère offrirait à l'humanité l'équivalent de plusieurs milliers de milliards d'euros par an, via les services écosystémiques. La biodiversité, c'est notre patrimoine. Pour le moment, la sixième extinction n'est pas une fatalité, même si la pendule tourne vite, nous avons le temps de réagir. Nous avons encore notre avenir entre nos mains, il n'est pas trop tard, mais il ne faut surtout pas croire que la technologie nous sauvera. Concernant l'Amoc, c'est une autre histoire. Il est urgent que nous revoyions nos modèles à la lumière de ces observations afin d'estimer dans quelle mesure nous sommes sur le point de franchir ces seuils. 

En attendant, les scientifiques préconisent de lutter contre le phénomène à la source, en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES). Nous avons notre avenir climatique entre nos mains, il ne tient qu’à nous de réduire drastiquement nos émissions, rapidement et de façon durable. Chaque tonne émise participe au réchauffement.**

Jerry J.Pelikan (Captain Blackbone) Blue Ocean Nation / World Citizen Climate Council (WCCC) / Conseil Citoyen Mondial du Climat (CCMC)

*Gaz à effet de serre

** Rapport IPCC/GIEC du 9 septembre 2021 Re sume rapport groupe 1 v 1 500 pix

#earthforcefightsquad #pacifistwarriors #guerrierspacifistes #blueoceannation #captainblackbone


 

MVW 2021

Thiery Guthmuller nous a quitté subitement d'une crise cardiaque en juin 2021. Nous perdons ainsi un ange gardien des tortues marines et des baleines à bosse en Guadeloupe. Un personnage discret, passionné et un collaborateur précieux. C'est le troisième sur la liste de nos warrions disparus précipitamment et beaucoup trop tôt. Il est sans contestation possible le MVW de l'année 2021. 10575158 10152840857327019 2561743465004732196 o copie

MVW 2020

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Guillaume Tripet est élu le MVW de l'année 2020 pour son implication générale dans notre ONG. Bravo à lui !

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Tipping Point / Le Point de Bascule et de non-retour

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Des dizaines de disparus dans une coulée de boue due à des pluies torrentielles au Japon, un record de chaleur enregistré sur le continent Antarctique, des températures dantesques enregistrées dans l’ouest du Canada avec des centaines de morts prisonniers d’un dôme de chaleur, incendies ravageurs et ouragans destructeurs… Tout indique que le dérèglement climatique s’accélère. Nous sommes déjà sur la voie du suicide de l’humanité, mais pas d’inquiétude, les gouvernements ont d’autres priorités réelles, telle la gestion de la pandémie mondiale, la reprise de la croissance, la géopolitique, le départ d'Angela Merkel ou encore des élections déjà en vue d'un nouveau/ancien manager général dans moins d'un an en France.Pourquoi refusons-nous de voir le problème et encore moins de le régler de façon significative, alors qu’une jeune suédoise le voit si clairement qu’elle puisse mobiliser des millions d’écoliers pour protester contre une réalité que leurs parents et leurs enseignants refusent de reconnaître?

Pour la première fois dans l’histoire, la concentration de dioxyde de carbone atmosphérique, ou CO2, a été mesurée en avril 2021 à 421,21 PPM (parties par million)* à l’Observatoire Mauna Loa sur la grande île d’Hawaï. Ce nouveau record enregistré est donc un sinistre rappel de la réalité de l’avancée de la crise climatique, malgré une baisse spectaculaire des émissions de CO2 permises par les restrictions sanitaires dues à la pandémie. C’est une étape déconcertante dans le réchauffement de la planète induit par l’homme. En effet, pour limiter l’élévation de la température moyenne à +2°C, nous devons absolument rester sous le seuil de 450 ppm de concentration de gaz carbonique dans l’atmosphère. C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que la concentration de CO2 dépasse 420 ppm, un niveau 50 % plus élevé que celui d’avant la révolution industrielle, donc à mi-chemin vers le doublement des niveaux de CO2 préindustriels. Le rythme du changement climatique évoqué dans le dernier rapport du GIEC montre que l’humanité est sur la voie ''suicidaire'', prévient le dirigeant de l’ONU Antonio Guterres. La station culminant à 4170 mètres d'altitude au sommet d’un volcan surveille continuellement les conditions météorologiques et la chimie de l’atmosphère depuis les années 1950. Son emplacement lui permet de prélever des échantillons de l’air les plus purs disponible, fournissant aux scientifiques une représentation intacte de façon dont les humains influencent irréversiblement le climat. Lorsque cette station a commencé à recueillir des mesures de CO2 à la fin des années 1950, la concentration atmosphérique de CO2 se situait autour de 315 ppm. Récemment donc, cette moyenne quotidienne était mesurée à 421,21 ppm. C'est la première fois dans l’histoire de l’humanité que ce nombre était si élevé. Auparavant, il n’avait jamais dépassé 420 ppm. Les émissions de dioxyde de carbone sont dus en particulier à la production de l'énergie, aux transports et à l’industrie. Cette augmentation des concentrations de CO2 s’explique par des émissions de gaz à effet de serre qui sont restées relativement élevées, mais aussi d’une plus faible dynamique des sols et forêts comme puits de carbone terrestre. Le constat des scientifiques qui ont travaillé sur le sujet est sans appel: le niveau de CO2 atmosphérique, et par conséquent le climat mondial, ne se stabilisera que lorsque les émissions mondiales de CO2 seront proches de zéro. 
 À eux seuls, les États-Unis par exemple, émettent plus de 5 milliards de tonnes de CO2 par année, soit 13,2 millions de Boeings 747 volants à pleine charge. Environ la moitié du CO2 émis reste dans l’atmosphère et provoque ainsi son réchauffement, tandis que plus d'un quart est absorbé dans les océans où il acidifie l’eau et perturbe les écosystèmes marins. Mais ne vous attendez pas à des véritables mesures politiques ou économiques prises par les dirigeants mondiaux qui font face à d’énormes pressions internationales, politiques et économiques qui prendront des années à être surmontées. Aussi à la folie du déni du changement climatique qui continue à couver dans une grande partie de la population mondiale. Il est particulièrement inquiétant d'avoir dépassé ce seuil d'une concentration de 420 ppm. Cela signifie que nous touchons le point de bascule entre les niveaux de CO2 préindustriels, environ 278 ppm, et un doublement de ce chiffre, ou 556 ppm. Le record de 421 ppm atteint n’est qu’un seul point pour l'instant et s’est produit alors que les niveaux de CO2 approchent de leur sommet annuel. Mais les niveaux des derniers mois, soit plus de 417 ppm, indiquent que la concentration moyenne annuelle devrait dépasser 416 ppm. Bien qu’il n’ait aucun impact physique, on peut néanmoins considérer qu’il s’agit d’une étape marquante qui met en évidence à quel point les humains ont déjà modifié la composition de l’atmosphère mondiale et augmenté la quantité d’un gaz qui réchauffe le climat planétaire. Le doublement hypothétique du CO2 atmosphérique, qui est probable d’ici 2060 est lié à un réchauffement prévu de trois degrés ou plus de la planète. Une étude publiée l’année dernière a révélé que le doublement des niveaux de CO2 conduirait probablement à une hausse de température entre 2,3 et 4,5 degrés Celsius, excluant les scénarios de réchauffement plus modestes. Même si les émissions de gaz à effet de serre devaient chuter du jour au lendemain, la planète continuerait de se réchauffer pendant des années. Il va alors falloir être patient avant de sentir l’effet de la réduction des émissions de GES à cause de l’importante force d’inertie du système climatique. Chaque demi-degré compte. Chaque émission de gaz à effet de serre compte. Chaque être vivant compte. C’est ça, l’urgence écologique et climatique. Tant que l’on n'aura pas atteint ce qu'on appelle la neutralité carbone, c'est-à-dire le zéro émission de gaz à effet de serre, on sera dans une situation où les choses iront toujours en empirant !

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Alors quel genre de monde aurons-nous en 2050, un siècle après ma naissance ? Comment sera celui de mes petits enfants ? L’avenir a toujours été incertain, mais pas à ce point. Aucune autre génération n’a jamais eu à affronter le spectre de l’extinction humaine mondiale. L’année de ma naissance, la population de la planète était d’environ 3 milliards d’individus. D’ici 2050, la démographie dépassera largement les 8 milliards et ce dans un monde où les ressources seront largement épuisées et où séviront la sécheresse, les inondations, les tempêtes plus violentes, la famine, les nouveaux virus zoonotiques émergents et les nouveaux agents pathogènes issus de la fonte du permafrost. Il n’y aura plus d’industrie de la pêche parce qu’il n’y aura pas de poisson. Les forêts seront considérablement appauvries et, surtout, le phytoplancton, qui fournit jusqu’à 70% d’oxygène à l’air que nous respirons et qui a déjà diminué de 40 % depuis 1950, continuera à décroitre. Si la masse océaniques mondiale de phytoplancton s’effondre, l’humanité suivra. Avec la mort de l’océan vient la mort de l’humanité. Ce futur dystopique est une vision difficile à comprendre et elle ne sera pas résolue par la technologie ni par la fuite vers Mars ou des planètes artificielles. Nous n'aurons plus de temps. Il y a trente ans déjà, l'impact potentiellement perturbateur des émissions carbone produites par la combustion fossile et la déforestation agressive qui commençait faisait la une des journaux. Plusieurs reportages se sont succédé au fil des années, y compris un article remarquablement clair publié en 1956 par le New York Times qui indiquait comment l'accumulation des émissions de gaz à effet de serre lié à la production d'énergie entraînerait des changements environnementaux durables. Dans sa conclusion, l'article prévoyait ce qui est devenu le principal obstacle à la lutte contre les émissions nocives: l'abondance des combustibles fossiles. ''Le charbon et le pétrole sont encore abondants et bon marché dans de nombreuses parties du monde, et il y a tout lieu de croire que les deux seront consommés par l'industrie aussi longtemps que cela sera rentable.'' Cet avertissement n'est aujourd'hui que trop familier. Les scientifiques, les écologistes et certains politiciens ont fait des déclarations semblables à plein reprises. Leurs mises en garde n'ont pas empêché les émissions d'augmenter. Glen Peters, un scientifique du Centre pour la recherche internationale sur le climat à Oslo, en Norvège, a relevé la hausse du niveau de dioxyde de carbone dans l'atmosphère à partir de 1870 et a constaté que près de la moitié de cette augmentation provenait de l'activité humaine ces 30 dernières années. La recherche menée par un éventail de scientifiques et de chercheurs appuie une conclusion décourageante: le changement climatique ne ressemble à aucun problème environnemental auquel nous ayons déjà été confrontés. Nous ne pouvons pas le ''réparer'' comme nous avons commencé à résoudre le problème du trou dans la couche d'ozone, avec des règlements et des traités circonscrits et des changements technologiques limités. Le changement climatique est trop important dans l'espace et le temps. Les émissions qui en sont la cause sont une conséquence trop centrale de l'effort qui devrait être consenti par plus de 7,5 milliards d'êtres humains, et près de 10 milliards dans quelques décennies, pour prospérer sur Terre. En fait, la solution aux menaces auxquelles nous sommes confrontés actuellement est pratiquement impossible à résoudre. Je crois cependant que la réponse à un problème impossible est de trouver la solution impossible et cela ne peut se faire que par notre amour passionné pour notre planète, pour la vie et la nature, par nos vertus de courage, de l’imagination et de persévérance. Nous ne pouvons pas attendre que nos gouvernements agissent. Les citoyens et la société civile doivent les forcer à agir et nous devons montrer la voie par l’exemple et l’initiative. La crise climatique est un défi immense, au même titre que la lutte contre le cancer ou la pauvreté, auxquelles les gens dédient toute une vie, avec un mélange d'urgence, de persévérance et de patience. Le changement de perspective est troublant, il sera forcément impopulaire mais aussi libérateur: cela signifie que toute personne motivée et persévérante peut et doit faire la différence, que ce soit en tant qu'enseignant ou ingénieur, artiste ou investisseur, ou simplement en tant que citoyen engagé. Il n’y a pas à stresser ou à s’inquiéter de l’avenir. Il est dépendant de nos actions au présent. L’avenir sera ce que nous créons aujourd'hui et ce que nous voulons qu’il soit. Tout dépend de notre capacité à penser et agir de manière responsable pour s'adapter à une nouvelle réalité: la nôtre. Je suis particulièrement encouragé de voir les actions de tant de jeunes à travers le monde qui comprennent que la politique et l’économie ne sont plus leurs priorités, mais plutôt la lutte pour la survie de la diversité et de l’interdépendance qui sont une préoccupation première. Continuons de sensibiliser la jeune génération, qui risque fort de se retrouver confrontée à des situations climatiques encore plus dramatiques que celles que nous avons aujourd'hui. L'éducation est le mot clé de notre survie. L'enseignement et l'infiltration des politiques et des institutions en place. Il ne faut pas tarder car le temps nous presse, une fois dépassé le ''point de bascule'', la situation deviendra irréversible.

Je fais partie d'une génération d'après la grande guerre, celle du baby boom, faite de richesse et de liberté que l’humanité ait jamais connue auparavant. Cette richesse matérielle et cette liberté ne reviendront pas et les jeunes le savent intuitivement. Ils savent que leur avenir est incertain, mais ils savent aussi que ce seront leurs voix et leurs actions qui définiront cet avenir. Lorsque l’ignorance et l’arrogance ne peuvent être surmontées, un choc est nécessaire pour qu'un changement radical puisse nous permettre, ainsi qu'à toute la vie sur cette planète, de s’adapter et de survivre. Les réponses se trouvent dans la connaissance biocentrique indigène et dans nos propres capacités à transformer par l’imagination et l’action le paradigme destructeur actuel en une nouvelle philosophie, comprendre que nous devons vivre en harmonie au sein de nos écosystèmes et nous devons le faire en respectant la diversité et l’interdépendance tout en prenant en compte qu’il y a des limites aux ressources et à la croissance. Je suis convaincu que nous avons la capacité de le faire, mais plus important encore, il n’y a pas d’autre choix si nous voulons prévenir l’écocide et le suicide de l’humanité. Avec tous les bouleversements actuels et programmés je suppose que nous le verrons bientôt !

Jerry J.Pelikan (Captain Blackbone)

World Citizen Climate Council (WCCC) / Conseil Citoyen Mondial du Climat (CCMC) / Blue Ocean Nation

*Ce nom un peu technique désigne le nombre de molécules de dioxyde de carbone considéré par million de molécules d’air, et sa mesure est un élément crucial pour nous donner une idée plus précise des dégâts.

When Whales and Humans Talk

Arctic people have been communicating with cetaceans for centuries—and scientists are finally taking note.

by Krista Langlois

Harry Brower Sr. was lying in a hospital bed in Anchorage, Alaska, close to death, when he was visited by a baby whale.

Although Brower’s body remained in Anchorage, the young bowhead took him more than 1,000 kilometers north to Barrow (now Utqiaġvik), where Brower’s family lived. They traveled together through the town and past the indistinct edge where the tundra gives way to the Arctic Ocean. There, in the ice-blue underwater world, Brower saw Iñupiat hunters in a sealskin boat closing in on the calf’s mother.

Brower felt the shuddering harpoon enter the whale’s body. He looked at the faces of the men in the umiak, including those of his own sons. When he awoke in his hospital bed as if from a trance, he knew precisely which man had made the kill, how the whale had died, and whose ice cellar the meat was stored in. He turned out to be right on all three counts.

Brower lived six years after the episode, dying in 1992 at the age of 67. In his final years, he discussed what he had witnessed with Christian ministers and Utqiaġvik’s whaling captains. The conversations ultimately led him to hand down new rules to govern hunting female whales with offspring, meant to communicate respect to whales and signal that people were aware of their feelings and needs. “[The whale] talked to me,” Brower recalls in a collection of his stories, The Whales, They Give Themselves. “He told me all the stories about where they had all this trouble out there on the ice.”

Not long ago, non-Indigenous scientists might have dismissed Brower’s experience as a dream or the inchoate ramblings of a sick man. But he and other Iñupiat are part of a deep history of Arctic and subarctic peoples who believe humans and whales can talk and share a reciprocal relationship that goes far beyond that of predator and prey. Today, as Western scientists try to better understand Indigenous peoples’ relationships with animals—as well as animals’ own capacity for thoughts and feelings—such beliefs are gaining wider recognition, giving archaeologists a better understanding of ancient northern cultures.

“If you start looking at the relationship between humans and animals from the perspective that Indigenous people themselves may have had, it reveals a rich new universe,” says Matthew Betts, an archaeologist with the Canadian Museum of History who studies Paleo-Eskimo cultures in the Canadian Arctic. “What a beautiful way to view the world.”

It’s not clear exactly when people developed the technology that allowed them to begin hunting whales, but scholars generally believe Arctic whaling developed off the coast of Alaska sometime between 600 and 800 CE. For thousands of years before then, Arctic people survived by hunting seals, caribou, and walruses at the edge of the sea ice.

One such group, the Dorset—known in Inuit oral tradition as the Tunit—were rumored to have been so strong the men could outrun caribou and drag a 1,700-kilogram walrus across the ice. The women were said to have fermented raw seal meat against the warmth of their skin, leaving it in their pants for days at a time. But despite their legendary survival skills, the Tunit died out 1,000 years ago.

An Inuit hunter sits on a whale that’s been hauled to shore for butchering in Point Hope, Alaska, in 1900. Photo by Hulton Deutsch/Getty Images

An Inuit hunter sits on a whale that’s been hauled to shore for butchering in Point Hope, Alaska, in 1900. Photo by Hulton Deutsch/Getty Images

One theory for their mysterious disappearance is that they were outcompeted by people who had begun to move east into the Canadian Arctic—migrants from Alaska who brought sealskin boats allowing them to push off from shore and hunt whales. Each spring, bowhead whales weighing up to 54,000 kilograms pass through the leads of water that open into the sea ice, and with skill and luck, the ancestors of today’s Inuit and Iñupiat people could spear a cetacean as it surfaced to breathe.

The advent of whaling changed the North. For the first time, hunters could bring in enough meat to feed an entire village. Permanent settlements began springing up in places like Utqiaġvik that were reliably visited by bowheads—places still inhabited today. Social organizations shifted as successful whale hunters amassed wealth, became captains, and positioned themselves at the top of a developing social hierarchy. Before long, the whale hunt became the center of cultural, spiritual, and day-to-day life, and whales the cornerstone of many Arctic and subarctic cosmologies.

When agricultural Europeans began visiting and writing about the North in the 10th century, they were mesmerized by Aboriginal peoples’ relationships with whales. Medieval literature depicted the Arctic as a land of malevolent “monstrous fishes” and people who could summon them to shore through magical powers and mumbled spells. Even as explorers and missionaries brought back straightforward accounts of how individual whaling cultures went about hunting, butchering, and sharing a whale, it was hard to shake the sense of mysticism. In 1938, American anthropologist Margaret Lantis analyzed these scattered ethnographic accounts and concluded that Iñupiat, Inuit, and other northern peoples belonged to a circumpolar “whale cult.”

Lantis found evidence of this in widespread taboos and rituals meant to cement the relationship between people and whales. In many places, a recently killed whale was given a drink of fresh water, a meal, and even traveling bags to ensure a safe journey back to its spiritual home. Individual whalers had their own songs to call the whales to them. Sometimes shamans performed religious ceremonies inside circles made of whale bones. Stashes of whaling amulets—an ambiguous word used to describe everything from carved, jewelry-like charms to feathers or skulls—were passed from father to son in whaling families.

To non-Indigenous observers, it was all so mysterious. So unknowable. And for archaeologists and biologists especially, it was at odds with Western scientific values, which prohibited anything that smacked of anthropomorphism.

A whaler waits for the bowhead whales from shore in Utqiaġvik, Alaska, during whaling season in the Chukchi Sea. Photo by Steven J. Kazlowski/Alamy Stock Photo

A whaler waits for the bowhead whales from shore in Utqiaġvik, Alaska, during whaling season in the Chukchi Sea. Photo by Steven J. Kazlowski/Alamy Stock Photo

In archaeology, such attitudes have limited our understanding of Arctic prehistory, says Erica Hill, a zooarchaeologist with the University of Alaska Southeast. Whaling amulets and bone circles were written off as ritualistic or supernatural with little exploration of what they actually meant to the people who created them. Instead, archaeologists who studied animal artifacts often focused on the tangible information they revealed about what ancient people ate, how many calories they consumed, and how they survived.

Hill is part of a burgeoning branch of archaeology that uses ethnographic accounts and oral histories to re-examine animal artifacts with fresh eyes—and interpret the past in new, non-Western ways. “I’m interested in this as part of our prehistory as humans,” Hill says, “but also in what it tells us about alternative ways of being.”

The idea that Indigenous people have spiritual relationships with animals is so well established in popular culture it’s cliché. Yet constricted by Western science and culture, few archaeologists have examined the record of human history with the perspective that animals feel emotions and can express those emotions to humans.

Hill’s interest in doing so was piqued in 2007, when she was excavating in Chukotka, Russia, just across the Bering Strait from Alaska. The site was estimated to be 1,000 to 2,000 years old, predating the dawn of whaling in the region, and was situated at the top of a large hill. As her team dug through the tundra, they uncovered six or seven intact walrus skulls deliberately arranged in a circle.

Like many archaeologists, Hill had been taught that ancient humans in harsh northern climates conserved calories and rarely expended energy doing things with no direct physical benefit. That people were hauling walrus skulls to a hilltop where there were plenty of similar-sized rocks for building seemed strange. “If you’ve ever picked up a walrus skull, they’re really, really heavy,” Hill says. So she started wondering: did the skulls serve a purpose that wasn’t strictly practical that justified the effort of carrying them uphill?

When Hill returned home, she began looking for other cases of “people doing funky stuff” with animal remains. There was no shortage of examples: shrines packed with sheep skulls, ceremonial burials of wolves and dogs, walrus-skull rings on both sides of the Bering Strait. To Hill, though, some of the most compelling artifacts came from whaling cultures.

Museum collections across North America, for instance, include a dazzling array of objects categorized as whaling amulets. From this grab bag, Hill identified 20 carved wooden objects. Many served as the seats of whaling boats. In the Iñupiaq language, they’re called either iktuġat or aqutim aksivautana, depending on dialect.

One in particular stands out. Hill was looking for Alaskan artifacts in a massive climate-controlled warehouse belonging to Smithsonian’s National Museum of Natural History in Washington, DC. The artifacts were housed in hundreds of floor-to-ceiling drawers, row after row of them, with little indication of what was inside. She pulled open one drawer and there it was—the perfect likeness of a bowhead whale staring back at her.

The object, likely from the late 19th century, probably functioned as a crosspiece. It was hewn from a hunk of driftwood into a crescent shape 21 centimeters long. Carved on one side was a bowhead, looking as it would look if you were gazing down on a whale from above, perhaps from a raven’s-eye perspective. A precious bead of obsidian was embedded in the blowhole. “It’s so elegant and simple but so completely whale,” Hill says. “It’s this perfect balance of minimalism and form.”

Sometime in the late 19th century, an Iñupiat carver fashioned this seat for an umiak out of driftwood, carving the likeness of a bowhead whale, its blowhole symbolized with a piece of obsidian. Photo by Department of Anthropology, Smithsonian Institute (Cat. A347918)

Sometime in the late 19th century, an Iñupiaq carver fashioned this amulet for an umiak out of driftwood, carving the likeness of a bowhead whale, its blowhole symbolized with a piece of obsidian. As with other whaling amulets Erica Hill has examined, this object may have also functioned as part of the boat’s structure. Photo by Department of Anthropology, Smithsonian Institute (Cat. A347918)

Using Iñupiat oral histories and ethnographies recorded in the 19th and 20th centuries, Hill now knows that such amulets were meant to be placed in a boat with the likeness of the whale facing down, toward the ocean. The meticulously rendered art was thus meant not for humans, but for whales—to flatter them, Hill says, and call them to the hunters. “The idea is that the whale will be attracted to its own likeness, so obviously you want to depict the whale in the most positive way possible,” she explains.

Yupik stories from St. Lawrence Island tell of whales who might spend an hour swimming directly under an umiak, positioning themselves so they could check out the carvings and the men occupying the boat. If the umiak was clean, the carvings beautiful, and the men respectful, the whale might reposition itself to be harpooned. If the art portrayed the whale in an unflattering light or the boat was dirty, it indicated that the hunters were lazy and wouldn’t treat the whale’s body properly. Then the whale might swim away.

In “Sounding a Sea-Change: Acoustic Ecology and Arctic Ocean Governance” published in Thinking with Water, Shirley Roburn quotes Point Hope, Alaska, resident Kirk Oviok: “Like my aunt said, the whales have ears and are more like people,” he says. “The first batch of whales seen would show up to check which ones in the whaling crew would be more hospitable. … Then the whales would come back to their pack and tell them about the situation.”

The belief that whales have agency and can communicate their needs to people isn’t unique to the Arctic. Farther south, on Washington’s Olympic Peninsula and British Columbia’s Vancouver Island, Makah and Nuu-chah-nulth whalers observed eight months of rituals meant to communicate respect in the mysterious language of whales. They bathed in special pools, prayed, spoke quietly, and avoided startling movements that might offend whales. Right before the hunt, the whalers sang a song asking the whale to give itself.

In Makah and Nuu-chah-nulth belief, as in many Arctic cultures, whales weren’t just taken—they willingly gave themselves to human communities. A whale that offered its body wasn’t sentencing itself to death. It was choosing to be killed by hunters who had demonstrated, through good behavior and careful adherence to rituals, that they would treat its remains in a way that would allow it to be reborn. Yupik tradition, for example, holds that beluga whales once lived on land and long to return to terra firma. In exchange for offering itself to a Yupik community, a beluga expected to have its bones given the ritualistic treatment that would allow it to complete this transition and return to land, perhaps as one of the wolves that would gnaw on the whale’s bones.

According to Hill, many of the objects aiding this reciprocity—vessels used to offer whales a drink of fresh water, amulets that hunters used to negotiate relationships with animal spirits—weren’t just reserved for shamanistic ceremonies. They were part of everyday life; the physical manifestation of an ongoing, daily dialogue between the human and animal worlds.

While Westerners domesticated and eventually industrialized the animals we eat—and thus came to view them as dumb and inferior—Arctic cultures saw whale hunting as a match between equals. Bipedal humans with rudimentary technology faced off against animals as much as 1,000 times their size that were emotional, thoughtful, and influenced by the same social expectations that governed human communities. In fact, whales were thought to live in an underwater society paralleling that above the sea.

a bowhead whale swimming amid multi-layer sea ice

It’s difficult to assess populations of animals that swim under the ice, far from view, like bowhead whales. But experienced Iñupiat whalers are good at it. Photo by Steven Kazlowski/Minden Pictures

Throughout history, similar beliefs have guided other human-animal relationships, especially in hunter-gatherer cultures that shared their environment with big, potentially dangerous animals. Carvings left behind by the Tunit, for example, suggest a belief that polar bears possessed a kind of personhood allowing them to communicate with humans; while some Inuit believed walruses could listen to humans talking about them and react accordingly.

Whether or not those beliefs are demonstrably true, says Hill, they “make room for animal intelligence and feelings and agency in ways that our traditional scientific thinking has not.”

Today, as archaeologists like Hill and Matthew Betts shift their interpretation of the past to better reflect Indigenous worldviews, biologists too are shedding new light on whale behavior and biology that seems to confirm the traits Indigenous people have attributed to whales for more than 1,000 years. Among them is Hal Whitehead, a professor at Dalhousie University in Nova Scotia who argues that cetaceans have their own culture—a word typically reserved for human societies.

By this definition, culture is social learning that’s passed down from one generation to the next. Whitehead finds evidence for his theory in numerous recent studies, including one that shows bowhead whales in the North Pacific, off the Alaskan coast, and in the Atlantic Ocean near Greenland sing different songs, the way human groups might have different styles of music or linguistic dialects. Similarly, pods of resident killer whales living in the waters off south Vancouver Island greet each other with different behaviors than killer whales living off north Vancouver Island, despite the fact that the groups are genetically almost identical and have overlapping territories.

Plus, calves spend years with their mothers, developing the strong mother-offspring bonds that serve to transfer cultural information, and bowhead whales live long enough to accumulate the kind of environmental knowledge that would be beneficial to pass on to younger generations. We know this largely because of a harpoon tip that was found embedded in a bowhead in northern Alaska in 2007. This particular harpoon was only manufactured between 1879 and 1885 and wasn’t used for long after, meaning that the whale had sustained its injury at least 117 years before it finally died.

Other beliefs, too, are proving less farfetched than they once sounded. For years, scientists believed whales couldn’t smell, despite the fact that Iñupiat hunters claimed the smell of woodsmoke would drive a whale away from their camp. Eventually, a Dutch scientist dissecting whale skulls proved the animals did, indeed, have the capacity to smell. Even the Yupik belief that beluga whales were once land-dwelling creatures is rooted in reality: some 50 million years ago, the ancestor of modern-day whales walked on land. As if recalling this, whale fetuses briefly develop legs before losing them again.

An Inuit hunter sits on a whale that’s been hauled to shore for butchering in Point Hope, Alaska, in 1900. Photo by Hulton Deutsch/Getty Images

Inuit hunters in Utqiaġvik, Alaska, paddle an umiak after a bowhead whale. Photo by Galen Rowell/Getty Images

None of this suggests that whales freely give themselves to humans. But once you understand the biological and intellectual capabilities of whales—as whaling cultures surely did—it’s less of a leap to conclude that cetaceans live in their own underwater society, and can communicate their needs and wishes to humans willing to listen.

With the dawn of the 20th century and the encroachment of Euro-Americans into the North, Indigenous whaling changed drastically. Whaling in the Makah and Nuu-chah-nulth Nations essentially ended in the 1920s after commercial whalers hunted the gray whale to near extinction. In Chukotka, Russian authorities in the 1950s replaced community-based whaling with state-run whaling.

Even the whaling strongholds of Alaska’s Iñupiat villages weren’t immune. In the 1970s, the International Whaling Commission ordered a halt to subsistence bowhead whaling because US government scientists feared there were just 1,300 of the animals left. Harry Brower Sr. and other whaling captains who’d amassed lifetimes of knowledge knew that figure was wrong.

But unlike other whaling cultures, Iñupiat whalers had the means to fight back, thanks to taxes they had collected from a nearby oil boom. With the money, communities hired Western-trained scientists to corroborate traditional knowledge. The scientists developed a new methodology that used hydrophones to count bowhead whales beneath the ice, rather than extrapolating the population based on a count of the visible bowheads passing by a single, ice-free locale. Their findings proved bowheads were far more numerous than the government had previously thought, and subsistence whaling was allowed to continue.

Elsewhere, too, whaling traditions have slowly come back to life. In 1999, the Makah harvested their first whale in over 70 years. The Chukchi were allowed to hunt again in the 1990s.

Yet few modern men knew whales as intimately as Brower. Although he eschewed some traditions—he said he never wanted his own whaling song to call a harpooned whale to the umiak, for example—Brower had other ways of communicating with whales. He believed that whales listened, and that if a whaler was selfish or disrespectful, whales would avoid him. He believed that the natural world was alive with animals’ spirits, and that the inexplicable connection he’d felt with whales could only be explained by the presence of such spirits.

And he believed that in 1986, a baby whale visited him in an Anchorage hospital to show him how future generations could maintain the centuries-long relationship between humans and whales. Before he died, he told his biographer Karen Brewster that although he believed in a Christian heaven, he personally thought he would go elsewhere. “I’m going to go join the whales,” he said. “That’s the best place, I think. … You could feed all the people for the last time.”

Perhaps Brower did become a whale and feed his people one last time. Or perhaps, through his deep understanding of whale biology and behavior, he passed down the knowledge that enabled his people to feed themselves for generations to come. Today, the spring whaling deadline he proposed based on his conversation with the baby whale is still largely observed, and bowhead whales continue to sustain Iñupiat communities, both physically and culturally.

Correction: This article has been updated to clarify the original purpose of the whaling amulet that caught Erica Hill’s attention in the Smithsonian warehouse.

 

Romain Pilliard - Ambassadeur d'Earthforce FS

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Le pavillon d'Earthforce FS flottera à nouveau dans le vent lors de la prochaine édition de la Route du Rhum en 2022. C'est le champion de l'économie circulaire, le navigateur Romain Pilliard, classé 4ème en catégorie "Ultime" à la Route du Rhum 2018 qui le hissera sur le mat de son trimaran Remade - Use It Again !

Ce bateau avait été utilisé auparavant pour la Route du Rhum 2010 par Philippe Monnet et par Ellen MacArthur pour le record autour du monde en solitaire en 2005. Romain Pilliard devient ainsi l'Ambassadeur de notre ONG d'action environnementale et sensibilisera le public à la préservation des mers et des océans. Merci à ce "Guerrier Pacifiste" et Bon Vent !

https://www.useitagain.earth/team/le-skipper/

https://www.facebook.com/RomainPilliardUseItAgain

https://www.brut.media/fr/sport/le-trimaran-recycle-du-navigateur-romain-pilliard-3a5829bf-98f2-48b8-a9c4-896f529ac842

#earthforcefightsquad #pacifistwarriors

 

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